Angélique Decampe et son mari, Stéphane Decampe, sont des défenseur·e·s des droits humains franco-malgaches qui sont également actifs dans le secteur du tourisme à Madagascar. Ils sont propriétaires de l’hôtel Jungle Nofy, situé à proximité du canal des Pangalanes, et sont profondément engagés dans la protection de la forêt de Vohibola.
Angélique Decampe préside l’association locale Razan’ny Vohibola (Razan’ny Vohibola | Toamasina | Facebook), qui collabore avec la Direction régionale de l’environnement et du développement durable (DREDD) de la région de Toamasina en ce qui concerne la gestion de la forêt de Vohibola. Cette forêt, qui couvre environ 2 000 hectares, appartient au domaine privé de l’État et renferme une immense variété d’espèces végétales et animales endémiques, dont des espèces remarquables comme le plus petit caméléon et la plus petite grenouille du monde.
Angélique et Stéphane Decampe, ainsi que d’autres membres de Razan’ny Vohibola, signalent fréquemment des cas d’exploitation forestière illégale et d’extraction illégale de charbon dans la forêt de Vohibola, ce qui les expose à des menaces et des attaques fréquentes.
Amnesty International a observé une pratique déconcertante, à savoir que la justice libère systématiquement les personnes accusées, ce qui amène Angélique Decampe et son association à penser qu’elles bénéficient de la protection de personnalités influentes.
Ce climat d’impunité met non seulement Angélique Decampe, Stéphane Decampe et les autres membres de l’association Razan’ny Vohibola en danger, mais il contribue aussi à la destruction de la forêt.
Les organisations de la société civile de Madagascar appellent les autorités à adopter une loi sur la protection des défenseur·e·s des droits humains et des lanceurs et lanceuses d’alerte. Elles ont d’ailleurs formulé des recommandations précises quant à la portée et au contenu que devraient avoir ce texte pour être en accord avec les obligations internationales du pays en matière de droits humains.
Cependant, le projet de loi sur la protection des défenseur·e·s des droits humains présenté par le ministère de la Justice ne reconnaît pas les lanceurs et lanceuses d’alerte et ne contient pas de dispositions visant à ce que des mesures de protection soient établies en tenant compte de la dimension de genre, alors que les défenseures des droits humains sont confrontées à des risques et des difficultés spécifiques, imputables non seulement aux pouvoirs publics mais aussi à leur propre communauté.
Le projet de loi est toujours en cours d’examen au Parlement et il demeure donc possible de le réviser pour remédier à la fois à l’absence de protection juridique pour les lanceurs et lanceuses d’alerte et au manque de prise en compte des questions de genre dans la protection des défenseures des droits humains comme Angélique Decampe.