Écrire Une défenseure des droits humains privée de soins médicaux

La militante vietnamienne des droits humains Bùi Th ? Minh H ?ng est privée des soins médicaux dont elle a besoin pour divers problèmes de santé, malgré ses demandes répétées. Elle purge une peine de trois ans d’emprisonnement pour « trouble à l’ordre public », une accusation créée de toutes pièces.

Bùi Th ? Minh H ?ng, emprisonnée depuis février 2014, est en mauvaise santé. Elle souffre d’un ulcère douloureux à l’estomac, d’hypotension, de douleurs articulaires, de fréquentes céphalées intenses et de pertes de connaissance intermittentes. Malgré ses demandes répétées, elle ne reçoit pas de soins médicaux et son état de santé risque de se dégrader encore.

Bùi Th ? Minh H ?ng a été arrêtée le 11 février 2014 alors qu’elle allait avec un groupe de 20 personnes rendre visite à l’avocat Nguy ?n B ?c Truy ?n, spécialisé dans la défense des droits humains, qui avait été attaqué et placé en détention pour être interrogé par la police le 9 février dans la province de Dong Thap. Parti d’Ho Chi Minh-Ville, le groupe voyageait à moto lorsqu’il a été intercepté par la police de la route à environ 10 km de sa destination. Il a alors été attaqué à coups de matraque et avec d’autres armes par de nombreux membres des forces de sécurité accompagnés d’hommes non identifiés, avant d’être arrêté et conduit au poste de police de Lap Vo pour y subir un interrogatoire. Le 12 février, Bùi Th ? Minh H ?ng et deux autres personnes ont été inculpées d’avoir « gravement entravé la circulation », en vertu de l’article 245 du Code pénal, tandis que les 18 autres membres du groupe ont été relâchés. Elles ont été jugées le 26 août 2014 par le tribunal populaire de la province de Dong Thap et Bùi Th ? Minh H ?ng a été condamnée à trois ans de prison. Sa condamnation a été confirmée en appel.

Bùi Th ? Minh H ?ng est une militante active, bien connue au Viêt-Nam pour sa participation à des manifestations pacifiques contre la Chine au sujet des désaccords territoriaux de longue date en mer de Chine méridionale (aussi appelée mer de l’Est). Elle a également aidé des victimes de spoliations de terres, en diffusant la Déclaration universelle des droits de l’homme dans des villages et en apportant son soutien à d’autres défenseurs des droits humains. Elle est actuellement détenue à la prison de Gia Trung, dans la province de Gia Lai, située dans la région montagneuse du centre du pays, à quelque 1 000 km du lieu où vit sa famille, ce qui rend les visites très difficiles.

Bùi Th ? Minh H ?ng a déjà fait deux grèves de la faim depuis le début de son incarcération : la première en détention provisoire, quand elle était détenue au secret, de son arrestation le 11 février 2014 jusqu’à la fin du mois de mars, lorsqu’elle a été autorisée à voir son fils et un avocat ; la deuxième en avril 2015, pour protester contre les mauvais traitements infligés par les gardiens de prison et le harcèlement subi de la part d’autres détenues.

Amnesty International considère cette femme comme une prisonnière d’opinion, détenue uniquement pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté d’expression, d’association et de réunion. Les accusations portées contre elle et ses coïnculpés sont créées de toutes pièces et motivées par des considérations politiques. Les attaques physiques ne répondant à aucune forme de provocation commises par des membres des forces de sécurité, des policiers en civil et des hommes non identifiés contre des militants sont de plus en plus fréquentes au Viêt-Nam. Personne n’est amené à rendre des comptes, malgré les plaintes déposées par certaines victimes auprès des autorités.

Le Viêt-Nam est partie au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui garantit le droit à la liberté d’expression, d’association et de réunion. Pourtant, ce droit fait l’objet de fortes restrictions en droit et en pratique dans ce pays. Des articles du Code pénal de 1999 portant sur la sécurité nationale et formulés en termes vagues, notamment l’article 258 (« abus des libertés démocratiques dans le but de porter atteinte aux intérêts de l’État, aux droits et intérêts légitimes des organisations et/ou des citoyens »), sont fréquemment utilisés pour ériger en infraction des opinions ou activités pacifiques dissidentes. Dans certains cas, des accusations sans fondement sont inventées contre des militants pacifiques, comme celles de « fraude fiscale » (article 161) ou de « trouble à l’ordre public » (article 245). Les personnes qui prônent un changement politique pacifique, critiquent les politiques gouvernementales ou appellent au respect des droits humains sont souvent prises pour cible. De nombreux blogueurs, des militants luttant pour les droits du travail, les droits fonciers ou la justice sociale, des adeptes de certaines religions, des défenseurs des droits humains et même certains paroliers sont actuellement emprisonnés en raison de leurs activités pacifiques.

Au Viêt-Nam, les conditions carcérales sont misérables, la nourriture et les soins médicaux fournis en détention ne respectant pas l’Ensemble de règles minima des Nations unies pour le traitement des détenus et d’autres normes internationales. Les prisonniers d’opinion sont détenus à l’isolement à titre punitif, parfois pendant de longues périodes. Ils subissent également d’autres mauvais traitements, notamment des passages à tabac par des codétenus sans que les gardiens de prison n’interviennent. Certains sont fréquemment transférés d’un centre de détention à un autre, bien souvent sans que leurs familles n’en soient informées. Plusieurs prisonniers d’opinion ont entamé des grèves de la faim pour protester contre les mauvais traitements dont ils ont été victimes et contre les mauvaises conditions de détention.

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