Bernarda Pesoa fait partie de l’organisation des femmes paysannes et autochtones (Organización de Mujeres Campesinas e Indígenas, CONAMURI) et du groupe d’artisans de sa communauté de Santa Rosa. Elle participe depuis 28 ans à des activités de défense de la terre et de l’environnement avec d’autres membres de la communauté qom. D’après Bernarda Pesoa, la communauté qom vivait traditionnellement de la chasse et de la cueillette dans la forêt et vit maintenant sur les terres de la communauté, depuis les années 1970.
Les membres de la communauté vivent de la fabrication de produits artisanaux à partir de plantes locales et de l’élevage à petite échelle de chèvres, de moutons et de poules. Ces dernières années des éleveurs de bétail et des entreprises privées ont empiété les terres de la communauté pour y mener des projets affectant les écosystèmes locaux.
La Fundación Paraguaya est une fondation privée qui mène un projet de plantation d’eucalyptus sur environ 20 hectares dans le district de San Francisco Asis, où vit la communauté de Bernarda Pesoa. La fondation affirme être parvenue à un accord avec deux dirigeants de communautés de San Francisco Asis. Cependant, les terres du district de San Francisco Asis appartiennent à huit communautés et les accords fonciers collectifs prévoient que toutes les communautés doivent être consultées quant aux affaires concernant leurs terres.
Plusieurs dirigeant·e·s, dont Bernarda Pesoa, ont signalé que des plantes médicinales et des arbres et espèces endémiques que les communautés utilisent pour leur consommation et leur artisanat se trouvent dans la zone destinée à la plantation. Elles ont également mis en lumière les conséquences que la mise en place d’une plantation de monoculture dans l’écosystème aurait en termes de perte de biodiversité, de sècheresse du sol due à l’érosion et d’utilisation de l’eau dans la zone.
D’après la Fundación Paraguaya, le projet vise à commercialiser de la biomasse et du bois d’eucalyptus pendant les dix prochaines années.
Des dirigeant·e·s de communautés ont fait part de leur inquiétude quant au projet de plantation d’eucalyptus et ont notamment déposé des plaintes et obtenu une audience devant la Commission des ressources naturelles du Sénat du Paraguay. De plus, il convient de noter que l’Institut national des communautés autochtones du Paraguay (Instituto Paraguayo del Indígena - INDI) a confirmé le 28 octobre qu’aucun processus de consentement préalable, libre et éclairé n’avait été mené concernant la plantation d’eucalyptus de la Fundación Paraguaya.
Le Paraguay est partie à la Convention 169 de l’OIT et a intégré les obligations contraignantes de ce traité à sa législation nationale, qui prévoit que les communautés autochtones affectées par des projets doivent être consultées en vue de l’obtention de leur consentement préalable, libre et éclairé avant tout projet.