Écrire Des défenseurs des droits humains arrêtés et placés en détention

Moussa Tchangari, Ali Idrissa, Nouhou Arzika et Lirwana Abdourahmane, quatre défenseurs des droits humains, font partie d’un groupe de personnes arrêtées et placées en détention le 25 mars par les forces de sécurité à Niamey, au Niger. Ils ont été inculpés d’« organisation et participation à une manifestation interdite », de « complicité de violences », d’« agression » et de « destruction de biens » en raison d’une manifestation pacifique organisée par leurs organisations, mais à laquelle ils n’ont pas participé.
Moussa Tchangari est secrétaire général de l’organisation de défense des droits humains Alternative Espaces Citoyens (AEC), qui travaille sur les droits économiques et sociaux et lutte contre l’impunité. Il a été arrêté tôt le 25 mars. Quelques heures plus tard, Ali Idrissa, coordonnateur du Réseau des organisations pour la transparence et l’analyse budgétaire (ROTAB), et Nouhou Arzika, président du Mouvement pour la Promotion de la Citoyenneté Responsable (MPCR), ont également été arrêtés. Lirwana Abdourahamane, avocat et militant, a été arrêté le même jour alors qu’il quittait les locaux de la chaîne de télévision Labari TV, où il avait été invité pour parler d’une manifestation organisée par des organisations de la société civile.

Les quatre défenseurs des droits humains ont été arrêtés par les forces de sécurité en raison de la manifestation pacifique. À travers leurs organisations, Ali Idrissa, Nouhou Arzika et Moussa Tchangari avaient planifié et organisé la manifestation demandant l’abrogation de la loi de finances 2018. Les quatre défenseurs des droits humains ont été inculpés d’« organisation et participation à une manifestation interdite », de « complicité de violences », d’« agression » et de « destruction de biens » le 27 mars, alors même qu’ils n’ont pas participé à la manifestation. Les quatre hommes ont été transférés vers des prisons différentes, à une distance de 60 à 180 kilomètres de leur famille.

La manifestation avait été interdite par le président de la délégation spéciale de la ville de Niamey le 23 mars, d’après lui, pour « des raisons évidentes de sécurité » et « au regard du contexte sécuritaire actuel au Niger et dans la sous-région d’une part, et d’autre part des récentes attaques terroristes ». Pourtant, un rassemblement public en faveur de la loi avait été autorisé plus tôt en mars. Des manifestants se sont quand même présentés pour la marche le 25 mars au matin. Ils se sont retrouvés face aux forces de sécurité qui avaient encerclé le point de rendez-vous de la manifestation afin d’empêcher les manifestants de se rassembler. Les agents des forces de sécurité ont utilisé des grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants et des affrontements entre des manifestants et la police ont éclaté, même si la société civile avait appelé au calme à plusieurs reprises. Dix-neuf manifestants ont été arrêtés et inculpés.

Depuis sa présentation au Parlement en novembre 2017, des organisations de la société civile ont fait campagne contre la loi de finances 2018 (qui prévoit, entre autres, une nouvelle taxe d’habitation et une augmentation du prix de l’électricité) et ont demandé son abrogation, la qualifiant d’« antisociale ». Des manifestations ont été organisées depuis novembre 2017.
La loi a été promulguée en janvier 2018. Des organisations de la société civile ont continué de manifester contre la loi de finances 2018 et de demander sa modification, affirmant qu’elle aura pour conséquence d’augmenter de manière drastique le coût de la vie et qu’elle bafoue le droit à un niveau de vie suffisant de nombreuses personnes vivant déjà dans la pauvreté. Cinq manifestations pacifiques ont eu lieu contre le projet de loi et la loi depuis novembre 2017 et la sixième manifestation a été interdite. Un rassemblement public de soutien à la loi a cependant été autorisé en mars 2018.
En mars, des organisations de la société civile ont organisé une marche pacifique pour protester contre la loi de finances 2018, bien que ce rassemblement ait été interdit. La police a utilisé du gaz lacrymogène pour disperser la manifestation, et 23 personnes ont été arrêtées, certaines aux bureaux d’organisations de la société civile, d’autres pendant les manifestations.
Ali Idrissa est le propriétaire de la chaîne de télévision Labari TV. Le 25 mars, les forces de sécurité ont demandé les enregistrements du journal télévisé lors duquel l’avocat et militant Lirwana Abdourahamane avait été interviewé sur Labari TV. Le directeur de la chaîne de télévision a refusé de les fournir. Amnesty International a regardé les enregistrements et peut confirmer que l’avocat n’a pas encouragé ou appelé à la haine ou la violence. La chaîne de télévision a par la suite été fermée pour quatre jours par les forces de sécurité qui y ont effectué une descente, sans fournir de mandat du Conseil Supérieur de la Communication ou de la police.

Noms : Moussa Tchangari, Ali Idrissa, Nouhou Arzika et Lirwana Abdourahamane
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