Écrire Des défenseurs des droits humains pris pour cible

Les violences contre les défenseurs des droits humains surveillant et dénonçant la violente répression des manifestations organisées à la suite de l’élection présidentielle ont augmenté, et les défenseurs ont signalé un meurtre, des campagnes de dénigrement, des menaces et des manœuvres d’intimidation à leur encontre.

Des ONG locales ont signalé que beaucoup de militants des droits sociaux, de défenseurs des droits humains et de personnes qui ont activement participé aux manifestations qui ont lieu au Honduras depuis le 29 novembre 2017 ont été victimes de violences physiques, de manœuvres d’intimidation, de harcèlement et de stigmatisation, et que certains de leurs noms apparaissent sur des listes détenues par les forces de sécurité. La Coalition contre l’Impunité a enregistré au moins 63 attaques contre des défenseurs depuis le début de la crise post-électorale.
Le Vaste mouvement pour la dignité et la justice (Movimiento Amplio por la Dignidad y la Justicia, MADJ) a indiqué que les forces de sécurité ont réprimé de manière brutale une manifestation à La Masica, Atlántida, le 16 décembre. Les forces de sécurité ont frappé environ 10 personnes et ont ensuite utilisé des pistolets Taser contre elles, notamment Diego Aguilar López, membre du MADJ, et Wilmer Paredes, collaborateur du MADJ. Le 29 décembre, Wilmer Paredes a demandé des mesures de protection pour les défenseurs des droits humains au Système national de protection, après qu’il eut signalé que des véhicules le suivaient. Wilmer Paredes a été tué par balle par des inconnus le 1er janvier 2018. Le 14 janvier, un flyer a commencé à circuler sur les réseaux sociaux, accusant les dirigeants du MADJ, Martín et Víctor Fernández, d’être responsables du meurtre de Wilmer Paredes.
Le 30 décembre 2017, Ismael Moreno Coto, le directeur de la station de radio indépendante Radio Progreso, et l’Équipe de communication, d’investigation et de réflexion (Equipo de Reflexión, Investigación y Comunicación de la Compañía de Jesús en Honduras, ERIC-SJ) ont signalé qu’il était victime d’une campagne de dénigrement. Son nom et sa photo ont été inclus, avec ceux des militants des droits sociaux Karina Flores et Araminta Pereira et de six autres défenseurs, dans un flyer intitulé « L’axe du mal » d’El Progreso, qui les accuse de violence et d’implication dans le crime organisé. En décembre, le Système national de protection a refusé d’accorder des mesures de protection à Joaquín Mejía, chercheur de l’ERIC-SJ.
Le 12 janvier 2018, les forces de sécurité ont harcelé plusieurs journalistes qui couvraient une manifestation à Tegucigalpa, la capitale, et les ont violemment forcés à quitter la zone. Deux journalistes d’UNE TV ont été blessés. D’après l’ONG C-Libre, une autre journaliste d’UNE TV a signalé plusieurs incidents de sécurité depuis décembre, notamment des menaces de mort et du gaz lacrymogène jeté dans sa maison pendant la nuit.

Les forces de sécurité répriment brutalement les manifestations de grande ampleur qui ont lieu depuis le 29 novembre 2017 dans plusieurs endroits du Honduras et qui ont pour but de dénoncer le manque de transparence lors de l’élection présidentielle du 26 novembre. Le 17 décembre, le Tribunal électoral suprême a déclaré le président actuel, Juan Orlando Hernández, comme étant le gagnant, et le 5 janvier 2018, le Tribunal a refusé tous les recours introduits par les autres partis politiques. Le président doit commencer son nouveau mandat le 27 janvier.

Les forces de sécurité ont fait usage d’une force excessive contre ces manifestants, en utilisant notamment des armes meurtrières. D’après le médiateur, au moins 31 personnes ont été tuées, et plusieurs cas de personnes blessées par des armes à feu ou violemment frappées par les forces de sécurité ont été signalés, ainsi que des cas s’apparentant à de la torture et à d’autres traitements cruels, inhumains et dégradants. Les autorités ont arrêté ou placé en détention des centaines de personnes durant les manifestations, et un couvre-feu de 10 jours a été imposé en décembre.

Des organisations de défense des droits humains et des médias indépendants du Honduras ont surveillé et dénoncé le recours excessif à la force et les violations des droits humains commises au lendemain de l’élection présidentielle.

Le Honduras est l’un des pays les plus dangereux pour les défenseurs des droits humains, particulièrement ceux travaillant sur des affaires liées aux droits relatifs aux territoires, à la terre et à l’environnement.

En 2016, le MADJ a signalé plusieurs atteintes à la sécurité aux autorités, notamment des mesures de surveillance, des menaces et des actes de harcèlement ; le coordinateur général de l’organisation, Martín Fernández, y étant tout particulièrement exposé. Le MADJ fournit une assistance juridique dans le cadre de plusieurs graves affaires très médiatisées liées à des attaques contre les défenseurs des droits relatifs aux territoires, à la terre et à l’environnement au Honduras. Martín Fernández a signalé de nouvelles menaces et persécutions à son encontre en décembre 2017, et les forces de sécurité ont effectué des descentes illégales dans les bureaux du MADJ de La Masica et au domicile de membres du MADJ à Esparta, Atlántida.

Radio Progreso a couvert l’élection et la répression qui a suivi depuis son siège situé à El Progreso. La diffusion de leur émission a été interrompue pendant près de deux semaines à compter du 9 décembre, après qu’une antenne située près de Tegucigalpa a été endommagée par des mains criminelles. Plusieurs membres de Radio Progreso bénéficient de mesures de protection accordées par la Commission interaméricaine des droits de l’homme en raison du harcèlement et des menaces dont ils ont été victimes après le coup d’État de 2009.

Noms : Diego Aguilar Lopez (h), Wilmer Paredes (h), Martín Fernández (h), Víctor Fernández (h) et d’autres membres du MADJ ; Father Ismael Moreno Coto (h), Joaquín Mejía (h) aet d’autres membres de l’ERIC-SJ ; Karina Flores (f), Araminta Pereira (f) et d’autres militants des droits sociaux et défenseurs des droits humains
Homme et femmes

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