Écrire Un demandeur d’asile détenu arbitrairement

Loghman Sawari, un réfugié iranien, est détenu dans une cellule de la police de Waigani, en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Il fait l’objet de nouvelles accusations au titre de la Loi relative à l’immigration. Il avait été libéré sous caution après avoir été poursuivi pour des accusations similaires au titre de la Loi relative aux passeports. Le tribunal doit statuer sur une demande préliminaire d’abandon des charges initiales le 18 avril 2017.

Loghman Sawari fait l’objet de plusieurs poursuites au titre de la Loi relative à l’immigration et de la Loi relative aux passeports, pour avoir utilisé de fausses informations afin d’obtenir un passeport et pour avoir été en possession d’un faux passeport. Les dernières accusations ont été portées alors qu’un tribunal étudie une demande d’abandon, faute de preuves, des charges initiales portées au titre de la Loi relative aux passeports. Les nouvelles accusations semblent être essentiellement les mêmes que les précédentes et portent sur les mêmes faits.

Chaque chef d’accusation est passible, entre autres, de jusqu’à six mois d’emprisonnement. Au titre de l’article 31 de la Convention relative au statut des réfugiés, les États parties ne peuvent pas appliquer de sanctions pénales aux réfugiés du fait de leur entrée ou de leur séjour irréguliers. Par conséquent, même s’il a effectivement utilisé de fausses informations ou de faux documents, Loghman Sawari ne devrait pas faire l’objet de sanctions pour avoir quitté la Papouasie-Nouvelle-Guinée en vue de demander l’asile ailleurs.

Loghman Sawari a été expulsé de Fidji vers la Papouasie-Nouvelle-Guinée sans que sa demande d’asile ait été examinée et a été détenu pendant 10 jours avant d’être libéré sous caution le 14 février 2017. Sa détention actuelle est considérée comme arbitraire et illégale au regard du droit international en raison du manque de preuves contre lui et du fait qu’il est déjà en liberté sous caution soumis à des conditions strictes et qu’il n’existe aucune raison nécessaire ou proportionnelle de l’incarcérer. Loghman Sawari souffre de plusieurs problèmes de santé physique et mentale pour lesquels il prend actuellement un traitement qu’il devra probablement arrêter pendant sa détention.

En août 2013, Loghman Sawari, alors âgé de 17 ans, avait été incarcéré illégalement au centre de détention pour hommes adultes géré par l’Australie sur l’île de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Il y a été maintenu en détention pendant environ trois ans, pendant que sa demande d’asile était traitée. Le traitement des réfugiés sur l’île de Manus s’apparente à une forme de torture ou de mauvais traitements cruels ou dégradants, notamment en raison de l’incertitude prolongée dans laquelle ils sont plongés et des conditions de vie déplorables. Une fois que les demandes d’asile ont été examinées, les autorités de Papouasie-Nouvelle-Guinée et d’Australie fournissent très peu d’aide, financière ou autre, aux réfugiés qui choisissent de vivre en dehors des deux enceintes semblables à des prisons qui se trouvent sur l’île de Manus. Elles ne leur fournissent pas non plus de document d’identité ou de voyage. Les réfugiés se voient refuser le droit de travailler et de se déplacer librement dans le pays, ce qui fait qu’ils ne peuvent pas s’installer en Papouasie-Nouvelle-Guinée ni même quitter le pays.

Loghman Sawari dit avoir été victime de persécutions en Papouasie-Nouvelle-Guinée parce qu’il était réfugié. Il a indiqué qu’il avait été agressé par un gardien au centre de détention en septembre 2015 parce qu’il aurait demandé plus de lessive, et qu’il avait été emprisonné sans inculpation à quatre reprises au poste de police de Lorengau, car il aurait entamé une grève de la faim et demandé un visa. Loghman Sawari affirme qu’il a signalé des agressions, des menaces de mort et un vol au chef de la police provinciale de Manus, David Yapu, mais qu’aucune mesure n’a été prise.

En décembre 2016, environ 850 réfugiés de sexe masculin étaient toujours en Papouasie-Nouvelle-Guinée après y avoir été envoyés par les autorités australiennes. La plupart de ces hommes vivent dans deux établissements situés sur l’île de Manus, leur liberté de mouvement est restreinte et ils n’ont pas le droit de travailler. Ces locaux sont surpeuplés et exigus et les soins médicaux y sont inadaptés. Amnesty International, le HCR comme le Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires ont condamné la détention de réfugiés et l’inaptitude des autorités à les protéger des violences dans ce centre.

Le 26 avril 2016, la Cour suprême a statué que la détention de réfugiés et de demandeurs d’asile pendant plus de trois ans était illégale et contraire à la Constitution et a ordonné aux autorités de Papouasie-Nouvelle-Guinée et d’Australie de fermer immédiatement les camps. Ceux-ci sont toujours ouverts, mais des réfugiés ont engagé des poursuites pour accélérer leur fermeture.

Trois personnes sont mortes pendant leur détention sur l’île de Manus depuis 2012 : Reza Berati, un demandeur d’asile iranien, a été tué lorsque des habitants de l’île ont attaqué le centre en février 2014 ; Hamid Khazaei, un Iranien, est mort des suites d’une infection au pied en septembre 2014 ; et Faysal Ahmed, un réfugié soudanais de 27 ans, est quant à lui mort le 24 décembre 2016 des suites d’une chute et de convulsions. Deux personnes ont été reconnues coupables de la mort de Reza Berati, mais des témoins ont affirmé qu’au moins deux autres personnes étaient impliquées et celles-ci n’ont pas été poursuivies. Au-delà de la mort de Reza Berati, plus de 100 détenus ont reçu des soins pour des blessures liées aux violences qui avaient éclaté au centre, mais seules les deux personnes condamnées évoquées ci-dessus ont eu à rendre compte de leurs actes.

Bien que certains réfugiés puissent quitter les deux établissements pour migrants de l’île de Manus pendant la journée, des couvre-feux stricts sont imposés. Des agressions physiques contre des demandeurs d’asile sont signalées, mais il est rare que la police locale ouvre des enquêtes sur ces faits et que les auteurs présumés soient poursuivis. Vers le 10 août 2016, deux réfugiés afghans ont été violemment agressés par des habitants de l’île de Manus.

La Papouasie-Nouvelle-Guinée n’est pas un lieu adapté à la gestion des réfugiés ou leur réinstallation. Le pays, appauvri, connaît un taux de chômage élevé et de graves problèmes de violence, notamment à l’égard des femmes ; les étrangers sont la cible d’une discrimination généralisée. Les violences policières sont omniprésentes. Le bilan du pays en ce qui concerne la protection du nombre limité de réfugiés qu’il a accueillis à ce jour (essentiellement des personnes originaires de la province de Papouasie en Indonésie) est déplorable. Les chances d’intégrer avec succès un plus grand nombre de réfugiés aux cultures et croyances plus diverses sont limitées.

L’Australie a également envoyé un peu plus de 1 000 réfugiés (principalement des femmes et des enfants), au titre d’un accord similaire, dans la petite nation insulaire de Nauru, où des réfugiés ont signalé des violences et des agressions sexuelles de la part d’habitants de l’île. La police n’a pas mené d’enquête en bonne et due forme sur ces plaintes.

Amnesty International continue à appeler les autorités d’Australie, de Papouasie-Nouvelle-Guinée et de Nauru à cesser de délocaliser le traitement des demandes d’asile et à transférer immédiatement en Australie, ou dans un pays tiers approprié, tous les réfugiés et demandeurs d’asile envoyés à Nauru et sur l’île de Manus.

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