Écrire Demandez la libération d’un militant emprisonné

Depuis plus de six mois, le défenseur iranien des droits humains Omid Alishenas est détenu à la prison d’Evin, à Téhéran, dans des conditions déplorables. Il purge une peine de sept ans d’emprisonnement du fait de ses activités en faveur des droits humains, notamment contre la peine de mort. Cet homme est un prisonnier d’opinion.

Omid Alishenas (33 ans) est détenu dans la section 7 de la prison d’Evin, à Téhéran, depuis la mi-décembre 2016. Avant de se voir attribuer un lit, il a dû dormir à même le sol en plein hiver, alors que la température à cette période peut descendre jusqu’à -5 °C. Il partage actuellement une cellule surpeuplée avec 20 codétenus. En outre, il est contraint d’acheter de la nourriture à ses frais afin d’avoir un régime alimentaire plus équilibré, étant donné que les repas fournis par la prison ne contiennent pas suffisamment de fruits et légumes.

Ces conditions correspondent aux informations qui avaient été transmises à Amnesty International l’année dernière au sujet de la section 7, qui serait infestée de cafards et de souris. Omid Alishenas a été arrêté le 11 décembre 2016 à son domicile par les pasdaran (gardiens de la révolution) et emmené à la prison d’Evin afin de purger sa peine. Il n’a jamais reçu de convocation officielle.

En mai 2015, il a été condamné en première instance à 10 ans d’emprisonnement par la 28e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran, après avoir été déclaré coupable de « rassemblement et collusion en vue de porter atteinte à la sécurité nationale » et d’« outrage au guide suprême ». Dans le jugement figurent plusieurs activités pacifiques considérées comme les preuves d’agissements criminels : participation à un rassemblement devant la représentation des Nations unies à Téhéran en signe de solidarité à l’égard des habitants de Kobané (Syrie) ; distribution de tracts contre la peine de mort ; rédaction de messages sur Facebook qualifiant d’inhumaines les exécutions collectives de prisonniers politiques organisées dans les années 1980 ; association avec des « fauteurs de trouble » (à savoir des défenseurs des droits humains) et visite de mémoriaux en l’honneur des personnes tuées pendant les troubles de 2009, désignées comme des « instigateurs de la révolte ».

Le jugement indique également qu’Omid Alishenas aurait distribué un film intitulé To Light a Candle, qui met en lumière le fait que les étudiants baha’is sont privés du droit de poursuivre des études supérieures. En septembre 2016, la 36e chambre de la cour d’appel de Téhéran a ramené sa peine à sept ans d’emprisonnement.

Le procès d’Omid Alishenas, qui s’est déroulé en mars 2015, a été d’une iniquité flagrante : cet homme n’a pu s’entretenir avec son avocat que 30 minutes avant, ce qui constitue une violation de son droit de disposer du temps et des installations suffisantes pour préparer sa défense. L’audience, qui n’a duré que 45 minutes environ, concernait aussi trois autres militants, mais les prévenus n’ont pas été autorisés à comparaître simultanément alors qu’ils faisaient l’objet d’accusations collectives.

La mère d’Omid Alishenas, Simin Eyvazzadeh, qui manifestait pacifiquement chaque semaine devant la prison d’Evin depuis l’arrestation de son fils, a elle-même été interpellée à l’occasion d’une de ses actions, en novembre 2015. Elle a été emmenée à la prison de Gharchak, à Varamin, réputée pour ses conditions inhumaines ; elle y a été détenue 10 jours.

En signe de protestation, Omid Alishenas a entamé une grève de la faim. Simin Eyazzadeh a finalement été condamnée à 91 jours d’emprisonnement et à 74 coups de fouet pour « participation à une manifestation de soutien à l’égard du culte dévoyé d’Erfane Halgheh [interuniversalisme]. » Elle soutient que les autorités savaient que ses manifestations hebdomadaires avaient pour objectif de faire libérer son fils et qu’elle n’a aucun lien avec Erfane Halgheh.

Omid Alishenas a été arrêté initialement chez lui à Téhéran le 4 septembre 2014, vraisemblablement par des pasdaran (gardiens de la révolution). Ceux-ci ont fouillé son domicile et confisqué certains de ses effets personnels, y compris son ordinateur, son téléphone mobile et plusieurs CD, avant de le conduire à la section 2A de la prison d’Evin, contrôlée par les pasdaran.

Amnesty International croit comprendre que les autorités n’ont donné aucune information à ses proches sur l’endroit où il se trouvait pendant une dizaine de jours. Omid Alishenas a été détenu plusieurs mois dans la section 2A de la prison d’Evin puis transféré dans la section 8, avant d’être libéré contre une caution de sept milliards de rials (environ 215 dollars des États-Unis) le 18 janvier 2016. Sa mère a expliqué que les autorités avaient accepté qu’il soit libéré sous caution environ deux semaines après son arrestation, mais qu’elles ne l’avaient finalement relâché que quatre mois plus tard. En mars, à l’occasion du Nouvel An iranien, Omar Alishenas a bénéficié d’une permission de six jours.

Le droit international relatif aux droits humains et les normes internationales en la matière prévoient et protègent le droit de défendre les droits humains. En effet, la Déclaration sur le droit et la responsabilité des individus, groupes et organes de la société de promouvoir et protéger les droits de l’homme et les libertés fondamentales universellement reconnus (Déclaration sur les défenseurs des droits de l’homme), adoptée par consensus à l’Assemblée générale des Nations unies en 1998, reconnaît ce droit et explicite les dispositions contenues dans des instruments internationaux comme la Déclaration universelle des droits de l’homme, le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et la Pacte international relatif aux droits civils et politiques, auxquels l’Iran est partie.

Amnesty International considère comme défenseur des droits humains toute personne qui, individuellement ou en association avec d’autres, agit pour la défense et/ou la promotion des droits humains au niveau local, national, régional ou international, sans recourir à la haine, à la discrimination ou à la violence, ni en faire l’apologie.

Parmi les autres défenseurs des droits humains emprisonnés en Iran pour avoir tenté pacifiquement de faire progresser ces droits dans le pays figurent Atena Daemi, condamnée à sept ans d’emprisonnement (voir l’Action urgente intitulée Iran. Inquiétudes pour la santé d’une militante emprisonnée, 9 mai 2017, www.amnesty.org/fr/documents/mde13/6189/2017/fr/), Arash Sadeghi, condamné au total à 19 ans de réclusion dans deux affaires, et Golrokh Ebrahimi Iraee, condamnée à six ans d’emprisonnement (voir l’Action urgente intitulée Iran. Un couple de militants incarcéré à la prison d’Evin, 30 novembre 2016, www.amnesty.org/fr/documents/mde13/5231/2016/fr/).

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