Le beau-frère d’un jeune homme ayant disparu au Mexique a été agressé et menacé dans le but de l’empêcher de faire campagne avec sa famille sur leur affaire. En juillet, les autorités ont levé la protection policière dont bénéficiait la famille. Cela intervient quelques jours après que la sœur du disparu s’est rendue au Canada pour faire campagne avec Amnesty International. Les mesures de protection en place sont inadaptées puisqu’elles n’ont pas permis d’éviter la dernière agression.
Víctor Manuel García Herrera est le beau-frère d’Héctor Rangel Ortiz. Ce dernier a disparu dans le nord du Mexique en 2009. Víctor García a déclaré à Amnesty International que le 22 septembre à 16 heures, trois hommes armés l’ont jeté au sol et l’ont frappé et roué de coups de pied dans la ville de Querétaro, dans le centre du Mexique, d’où la famille Rangel est originaire. Pendant qu’ils le frappaient et lui donnaient des coups de pied, ils lui ont dit « calme-toi ou on va t’enlever. Ça c’est pour que tu te calmes, putain d’avocat. Vous ne savez même pas dans quelle merde vous vous êtes mis ».
Víctor García et sa femme, Brenda Rangel Ortiz, ont fait campagne activement pour que la vérité soit révélée et que justice soit faite pour Héctor Rangel. Depuis qu’ils ont commencé leur campagne, ils ont reçu des menaces de policiers locaux et ont été menacés de mort par un détenu pendant les procédures judiciaires. Les autorités fédérales leur ont accordé une protection policière en 2013 mais elle a été levée sans qu’ils en soient prévenus et sans explication valable le 6 juillet 2016, quelques jours après le retour de Brenda Rangel du Canada où elle avait fait campagne avec Amnesty International sur les disparitions au Mexique. Les autorités ne leur accordent plus que des mesures de protection minimales qui n’ont pas permis d’empêcher la dernière agression. Brenda Rangel et Victor García soutiennent également des dizaines de familles qui cherchent leurs proches disparus dans l’État de Querétaro.
Écrire Demandez une protection pour les proches d’une personne disparue
Héctor Rangel Ortiz a été victime d’une disparition forcée en novembre 2009, juste après avoir été arrêté par des policiers municipaux alors qu’il était en voiture dans la ville de Monclova, État de Coahuila, dans le nord du Mexique. Depuis, Brenda Rangel Ortiz et les autres membres de sa famille le recherchent, courant de graves risques, et demandent aux autorités de révéler où il se trouve et de traduire les responsables présumés de sa disparition en justice. L’affaire a été confiée aux procureurs du bureau du procureur de l’État de Coahuila et du bureau du procureur général fédéral. L’enquête est en cours mais très peu de progrès ont été faits. Trois policiers ont même été acquittés cette année. La famille Rangel n’a pas pu faire appel de cette décision car les autorités ne l’en ont pas informée avant la date limite pour le dépôt du recours.
Brenda Rangel et Víctor García dirigent une petite organisation locale nommée « Desaparecidos Justicia » (Justice pour les disparus) et ont apporté leur soutien à 48 familles affectées par des disparitions dans l’État de Querétaro. Ils ont retrouvé 16 victimes, dont neuf vivantes.
Selon les chiffres officiels les plus récents, plus de 28 000 personnes ont été victimes d’une disparition forcée ou d’un enlèvement au Mexique depuis 2007. La plupart de ces disparitions semblent avoir eu lieu sous le gouvernement actuel du président Enrique Peña Nieto. Plusieurs de ces enlèvements sont l’œuvre de bandes criminelles et la possible responsabilité de représentants des pouvoirs publics n’est pas claire. Dans d’autres cas, certains représentants des pouvoirs publics sont directement ou indirectement impliqués, ce qui fait de ces disparitions des disparitions forcées au titre du droit international. L’augmentation du nombre de disparitions coïncide avec la « guerre contre la criminalité » déclarée par les autorités. Pour tous ces crimes, l’impunité reste la norme. En 2015, le gouvernement a déclaré au Comité des disparitions forcées des Nations unies qu’il avait procédé à six condamnations pour des affaires de disparitions forcées.
Le gouvernement mexicain a pris certaines mesures pour faire face à la crise des disparitions dans le pays, mais ces mesures ne sont pas à la hauteur de la gravité de la situation et n’ont pas montré de résultats concluants. En novembre 2014, le président Peña Nieto a promis de soutenir une loi générale sur les disparitions qui serait contraignante tant au niveau fédéral qu’au niveau des États et au niveau municipal. Cependant, la loi reste jusque-là une promesse sur le papier. Des dizaines de réseaux de proches de victimes dans tout le pays, notamment Brenda Rangel et sa famille, ont lancé une campagne pour exiger qu’une loi efficace soit adoptée sans délai (voir www.sinlasfamiliasno.org) et demander qu’ils soient pleinement inclus dans le processus.
Afin que cette loi soit efficace, elle doit respecter toutes les normes internationales en la matière et doit notamment :
inclure une définition correcte du crime de disparition forcée (disparition dans laquelle des représentants de l’État sont directement ou indirectement impliqués) et du crime de disparition dont des acteurs non étatiques sont responsables ;
établir l’obligation pour les autorités de lancer immédiatement des recherches efficaces pour toute personne portée disparue, à travers des procédures spécifiques qui doivent être élaborées en consultation avec des experts, des organisations de la société civile et les proches des victimes ;
veiller à ce que les proches des victimes puissent obtenir sans délai une « déclaration d’absence » pour les personnes disparues afin que leurs biens, leur sécurité sociale et leurs autres droits soient protégés.
Noms : Víctor Manuel García Herrera (h), Brenda Rangel Ortiz (f) et leur famille
Hommes et femmes
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