Ibrahim al Dersi est membre de la Chambre des représentants, le Parlement libyen, pour la circonscription de Benghazi. Il est également responsable du Comité des Biens religieux et des Affaires islamiques à la Chambre des représentants. Peu après la publication des vidéos en mai 2025, le bureau du procureur général libyen a ouvert une enquête sur sa disparition.
La disparition d’Ibrahim al Dersi le 16 mai 2024 rappelle avec force les enlèvements, les disparitions forcées et les détentions arbitraires perpétrés par les agences de sécurité et les milices opérant dans des régions contrôlées par les Forces armées arabes libyennes (FAAL), l’autorité de facto dans l’est de la Libye.
Amnesty International a recueilli des informations sur le fait que le groupe armé Tariq Ben Zeyad (TBZ), l’un des plus puissants opérant sous l’autorité des FAAL, est impliqué depuis 2016 dans des enlèvements et des disparitions forcées de personnalités politiques, militant·e·s, journalistes et autres civil·e·s. Il les a pris pour cibles en raison de leur opposition réelle ou présumée aux FAAL, notamment parce qu’ils ont critiqué sur les réseaux sociaux le commandant général des FAAL Khalifa Haftar, ou son fils Saddam Haftar, ou en raison de leurs alliés, de leurs affiliations tribales ou familiales, de leur militantisme politique, de leur refus de coopérer avec les FAAL, de leur travail dans les médias et/ou de leur participation à des manifestations contre les FAAL.
D’autres milices présentes dans les régions sous autorité des FAAL sont impliquées dans des enlèvements et des disparitions forcées.
Le 17 juillet 2019, des dizaines d’hommes armés masqués portant des tenues militaires ont fait irruption au domicile de la députée Siham Sergiwa à Benghazi, dans l’est de la Libye. La nuit précédant son enlèvement, Siham Sergiwa avait publiquement réclamé la fin de l’offensive menée contre Tripoli par les FAAL. Selon des témoins de son enlèvement et des photos examinées par Amnesty International, les graffitis sur le mur de sa maison prouvent que c’est Awliya al Dam, une brigade armée affiliée aux FAAL, qui en est responsable. On ignore toujours où se trouve Siham Sergiwa.
Le 7 octobre 2023, des combattants affiliés aux FAAL ont pris en otage 36 femmes et 13 enfants de la famille d’Al Barghathi. Ils ont été libérés après qu’al Mahdi al Barghathi, ancien ministre de la Défense, et son fils ont été placés en détention aux mains des FAAL, avec 38 membres de la famille et sympathisants. On ignore ce que sont devenus au moins 19 d’entre eux, et l’on craint qu’ils n’aient été victimes d’exécutions extrajudiciaires après avoir été capturés.