Écrire Des réfugies chinois risquent d’être expulsés

YANG Chong et WU Yuhua, deux défenseurs chinois des droits humains reconnus réfugiés par le HCR, ont été inculpés d’infractions à la législation sur l’immigration en Thaïlande. Ils risquent d’être renvoyés en Chine, où il serait à craindre qu’ils ne fassent l’objet d’un procès inique et qu’ils ne soient torturés.
WU Yuhua (吴 玉 华), plus connue sous le nom d’Ai Wu (哎 乌), et YANG Chong (杨 崇), un couple marié, ont été arrêtés à Bangkok le 29 août 2018. Ce jour-là, ils avaient tenté d’aider un autre militant chinois à déposer une demande de protection à titre de réfugié à l’ambassade de Nouvelle-Zélande, et l’avaient ensuite accompagné dans un poste de police local. Au poste, la police a constaté que le couple n’avait pas de documents de voyage valides et a inculpé Wu Yuhua d’« entrée illégale sur le territoire » et de « séjour illégal » et Yang Chong de « dépassement de la durée de séjour autorisée ». Wu Yuhua a été libérée sous caution le 21 septembre pour raisons de santé, mais Yang Chong est maintenu en détention. Le couple risque d’être renvoyé en Chine contre son gré ou d’être détenu pendant une période indéterminée en Thaïlande avant d’être expulsé ou réinstallé dans un pays tiers.
Avant que le couple ne quitte la Chine pour la Thaïlande en 2015, Yang Chong avait été arrêté arbitrairement et torturé par les autorités chinoises, en raison des activités militantes pacifiques de promotion des droits humains qu’il menait dans le sud de la Chine. Wu Yuhua est également une militante des droits fondamentaux qui a œuvré à la défense d’autres militants des droits humains. Yang Chong et Wu Yuhua ont été reconnus réfugiés par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) en septembre 2016. En Thaïlande, ils ont continué à militer la défense des droits humains en Chine. De ce fait, s’ils sont renvoyés dans ce pays, ils seront probablement inculpés et placés en détention et courront un risque réel de faire l’objet d’un procès inéquitable ainsi que d’actes de torture et d’autres mauvais traitements. Amnesty International a recensé des cas de militants chinois qui ont été renvoyés en Chine par les autorités thaïlandaises à la demande du gouvernement chinois, puis ont été maintenus en détention provisoire au secret pendant plusieurs années avant d’être condamnés à des peines d’emprisonnement pour avoir simplement exercé pacifiquement leurs droits fondamentaux.

Yang Chong a été pris pour cible par les autorités chinoises en raison des activités pacifiques de promotion des droits humains qu’il menait dans le sud de la Chine. En 2011, les autorités chinoises l’ont convoqué et arrêté à plusieurs reprises en raison de sa participation au « Mouvement de la rue du sud », dans le Guangdong, une forme de protestation consistant à brandir des pancartes dans la rue pour réclamer des réformes politiques et défendre des droits. En 2012, il a été condamné à un an d’emprisonnement après avoir organisé une manifestation pour demander des réformes politiques et appeler des représentants de l’État à révéler leur patrimoine personnel. Après sa libération en 2013, Yang Chong a continué à militer pour la défense des droits et a été, à plusieurs reprises, convoqué, arrêté arbitrairement et battu par les autorités. En 2014, un groupe de personnes dont on ignore l’identité s’est emparé de lui alors qu’il allait soutenir un défenseur des droits fonciers ; elles lui ont mis une cagoule sur la tête, lui ont couvert la bouche et le nez de ruban adhésif et l’ont ligoté, puis l’ont emmené dans un endroit inconnu. Amnesty International a également recueilli des informations sur la détention de Yang Chong en 2012, à l’approche de réunions de l’Assemblée populaire nationale et de la Conférence consultative politique du peuple chinois, et en 2014, à l’approche du 25e anniversaire de la répression de la place Tiananmen. Ces deux détentions visaient manifestement à l’empêcher de mener des activités de défense des droits humains pendant ces périodes, sensibles sur le plan politique. Wu Yuhua milite elle aussi en faveur des droits fondamentaux et a œuvré à la défense de nombreux militants des droits humains depuis 2011, notamment Guo Feixiong, éminent défenseur chinois des droits humains, et Gao Zhisheng, un avocat chinois spécialiste des droits humains victime de « disparition ».
En 2015, à plusieurs reprises, les autorités ont arrêté Wu Yuhua et Yang Chong alors qu’ils faisaient les préparatifs pour leur banquet de mariage dans la ville de Guangzhou et ont réinstallé le couple ailleurs. La même année, pour fuir ce harcèlement et ces persécutions, le couple a rejoint la Thaïlande afin d’y demander l’asile.
La Thaïlande n’a pas ratifié la Convention des Nations unies relative au statut des réfugiés et ne dispose d’aucun cadre juridique officiel pour l’asile. Faute de statut juridique reconnu au niveau national, les réfugiés et les demandeurs d’asile sont vulnérables et peuvent être arrêtés, placés arbitrairement en détention pour une durée illimitée dans de mauvaises conditions, voire être expulsés.
Les pays d’Asie du Sud-Est bafouent de plus en plus souvent le principe de non-refoulement en raison des pressions diplomatiques exercées par la Chine. Ce principe interdit le transfert d’une personne dans un pays ou une juridiction où elle risquerait réellement de subir de graves violations des droits humains ou de graves atteintes à ces droits. La Thaïlande n’a pas ratifié la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés, mais les autorités thaïlandaises sont tout de même tenues, en vertu du droit international, de respecter ce principe, qui fait partie du droit international coutumier et doit être respecté par tous les États, ainsi que l’interdiction de la détention arbitraire et de la torture et autres formes de traitements cruels, inhumains et dégradants.
Le 13 novembre 2015, les autorités thaïlandaises ont renvoyé de force Dong Guangping et Jiang Yefei en Chine, alors que ces deux militants avaient été reconnus réfugiés par le HCR et acceptés pour une réinstallation rapide dans un pays tiers, et devaient partir le 18 novembre. Après leur retour forcé, ils ont été maintenus en détention provisoire pendant près de trois ans avant d’être condamnés à une peine d’emprisonnement, en juillet 2018. D’après les médias chinois officiels, Dong Guangping a été déclaré coupable de « franchissement illégal de la frontière nationale » et d’« incitation à la subversion » en raison de sa participation à deux rassemblements en Thaïlande en 2015 qui, d’après le gouvernement chinois, avaient pour but d’inciter à la « subversion du pouvoir de l’État » et de « renverser le système socialiste ». La famille et les avocats de Dong Guangping n’ont reçu aucune notification au sujet du procès ou de la condamnation. Détenu au secret depuis son renvoi forcé en Chine, Dong Guangping risque d’être torturé et soumis à d’autres mauvais traitements.
Noms : Yang Chong (h), Wu Yuhua (f)
Homme et femme

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