Écrire La détention de quatre hommes expulsés des Etats-Unis doit cesser

Le 4 juillet, Jose Manuel Rodriguez-Quinones, Kyaw Mya, Thongxay Nilakout et Tuan Thanh Phan ont été expulsés des États-Unis et envoyés à Djouba, au Soudan du Sud, après avoir transité par une base militaire américaine à Djibouti, dans le cadre de la campagne d’expulsions massives du gouvernement des États-Unis.

Ils sont détenus arbitrairement depuis lors dans un lieu tenu secret. Aucune information officielle concernant leur lieu de détention exact n’a été communiquée à leurs avocats.

Amnesty International appelle les autorités du Soudan du Sud à révéler immédiatement où se trouvent Jose Manuel Rodriguez-Quinones, Kyaw Mya, Thongxay Nilakout et Tuan Thanh Phan, à leur permettre d’entrer en contact sans restriction ni surveillance avec leurs avocats, y compris avec un avocat local, et à indiquer sans délai les motifs juridiques de leur détention.

Si le principe de « non-refoulement » est respecté, l’organisation demande instamment aux autorités des pays d’origine de ces hommes de faciliter leur rapatriement.

En début d’année, le président des États-Unis, Donald Trump, a lancé une campagne d’expulsions massives visant des millions de migrant·e·s et de personnes en quête de sécurité. Dans le cadre de cette campagne, huit hommes – dont un seul était sud-soudanais – ont été expulsés vers le Soudan du Sud après une bataille juridique de plusieurs semaines. Deux d’entre eux ont depuis été remis en liberté et Jesus Munoz-Gutierrez a été rapatrié au Mexique.

Le gouvernement américain est tenu, en vertu du droit international, de veiller à ce que ses politiques migratoires n’occasionnent pas de violations des droits humains et n’augmentent pas le risque que des personnes en subissent. Les États-Unis ont le droit de réguler l’immigration, mais doivent le faire dans le respect de leurs obligations internationales en matière de droits humains.

En juillet 2025, le média Politico a indiqué que les expulsions depuis les États-Unis vers le Soudan du Sud s’inscrivaient dans une initiative du gouvernement sud-soudanais visant à négocier la levée des sanctions imposées à son premier vice-président, Benjamin Bol Mel, pour supprimer les restrictions sur les visas des ressortissant·e·s du pays, débloquer un compte bancaire à la Federal Reserve Bank of New York et soutenir les poursuites engagées contre l’ancien premier vice-président et dirigeant de l’opposition Riek Machar, qui est toujours en résidence surveillée. En septembre, un autre média d’information a fait savoir que les autorités sud-soudanaises niaient l’existence d’un accord avec les États-Unis pour accueillir des ressortissant·e·s de pays tiers.

Au Soudan du Sud, l’espace de participation à la vie publique continue d’être attaqué et les personnes qui prennent part à des activités civiques légitimes font l’objet d’arrestations arbitraires, de détentions prolongées, d’actes de torture et d’exécutions extrajudiciaires. Les acteurs de la sécurité et les autorités, en particulier le Service national de la sûreté (NSS), s’en prennent systématiquement aux membres de la société civile et aux personnes qui critiquent le gouvernement.

Le 3 juillet 2024, le Parlement du pays a adopté la Loi de 2024 portant modification de la Loi de 2014 relative au Service national de la sûreté, qui vise à élargir les pouvoirs abusifs du NSS, notamment pour l’autoriser à arrêter des personnes avec ou sans mandat. L’article 159 de la Constitution de transition du Soudan du Sud, adoptée en 2011, confie au NSS des missions classiques de renseignement, notamment « collecter des informations, les analyser et conseiller les autorités compétentes ».

Depuis le début du conflit qui a éclaté au Soudan du Sud le 15 décembre 2013, les pouvoirs du NSS sont devenus de plus en plus vastes, au point d’en faire une force de police de facto pour les élites. Des centaines de personnes, pour la plupart des hommes, sont détenues sous son autorité et celle de la Direction du renseignement militaire dans divers centres de détention à travers le pays.

Amnesty International a recensé des cas de torture et d’autres mauvais traitements dans au moins trois des principaux centres de détention de la capitale, Djouba. L’organisation a également recueilli des informations concernant des personnes détenues et menacées par le NSS pour avoir exprimé librement leur opinion critique à l’égard du gouvernement ou parce qu’elles étaient considérées comme agissant contre les intérêts des élites.

Les proches de personnes détenues peuvent devenir des cibles et risquer d’être surveillées, voire placées en détention, si le NSS désapprouve leurs propos ou leur comportement.

J'agis

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Monsieur le Ministre,

Je vous écris pour vous faire part de ma vive inquiétude pour Jose Manuel Rodriguez-Quinones, Kyaw Mya, Thongxay Nilakout et Tuan Thanh Phan, qui ont été expulsés des États-Unis dans le cadre de la campagne d’expulsions massives du gouvernement américain et sont détenus arbitrairement au Soudan du Sud depuis lors.

Le 4 juillet, Jose Manuel Rodriguez-Quinones (originaire de Cuba, arrivé aux États-Unis en 1995, dont la carte verte a été annulée à la suite d’une condamnation pénale), Kyaw Mya (originaire du Myanmar, arrivé aux États-Unis en tant que réfugié en 2007), Thongxay Nilakout (originaire du Laos, arrivé aux États-Unis en tant que réfugié en 1980) et Tuan Thanh Phan (originaire du Viêt-Nam, arrivé aux États-Unis en tant que réfugié en 1991) ont été expulsés des États-Unis et envoyés à Djouba, la capitale du Soudan du Sud, après une escale sur une base militaire américaine à Djibouti. Avec quatre autres personnes également expulsées, ces quatre hommes ont alors été placés en détention par les autorités sud-soudanaises sans justification légale ni explication quant à leur statut juridique.

Après plusieurs semaines sans nouvelles de leurs clients, leurs avocats établis aux États-Unis n’ont pu entrer en contact avec eux que lors d’appels téléphoniques limités et surveillés. Leur avocat à Djouba n’a pas pu leur rendre visite ni communiquer avec eux. Les autorités du Soudan du Sud n’ont fourni aucune information officielle sur le lieu précis où se trouvent ces quatre hommes.

Toutefois, Amnesty International a reçu des informations fiables indiquant qu’ils sont détenus par le Service national de la sûreté (NSS), même si l’organisation n’a pas pu vérifier de manière indépendante leur lieu de détention. Le mandat constitutionnel du NSS ne l’autorise ni à arrêter, ni à détenir des personnes.

La détention sans fondement juridique constitue une violation du droit international relatif aux droits humains. La détention sans accès ou avec un accès très limité à une assistance juridique est également contraire au droit international relatif aux droits humains et peut présenter un risque accru de torture et d’autres mauvais traitements, ce qui renforce les craintes pour la santé et le bien-être de ces hommes.

Je vous appelle à révéler immédiatement où se trouvent Jose Manuel Rodriguez-Quinones, Kyaw Mya, Thongxay Nilakout et Tuan Thanh Phan, à leur permettre d’entrer en contact sans restriction ni surveillance avec leurs avocats, y compris avec leur avocat local, et à indiquer sans délai les motifs juridiques de leur détention. J

e vous demande par ailleurs de veiller à ce que ces quatre hommes ne soient pas renvoyés de force dans leur pays d’origine ni dans un autre pays s’il existe un risque réel qu’ils y soient persécutés ou victimes de graves atteintes aux droits humains, ce qui constituerait une violation du principe de « non-refoulement » prévu par le droit international relatif aux droits humains.

S’il s’avère, à l’issue d’un examen exhaustif et équitable de leur dossier, que le principe de « non-refoulement » est respecté, Amnesty International appelle les autorités de leurs pays d’origine à faciliter leur rapatriement.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma haute considération.

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