Une vingtaine de proches de Gulchehra Hoja, une journaliste ouïghoure qui vit à l’étranger, sont détenus et risquent d’être torturés. Installées dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang (Chine), ces personnes ont été visées, semble-t-il, à cause du travail de Gulchehra Hoja.
Gulchehra Hoja, une journaliste qui vit aux États-Unis et travaille au service ouïghour de Radio Free Asia depuis 17 ans, n’a pas pu contacter sa mère de 72 ans, Chimanguli Zikeli, depuis janvier 2018. Celle-ci a été opérée du pied à la mi-janvier et souffre de diabète et d’une pathologie cardiaque. Gulchehra Hoja n’a pas pu joindre non plus son père, Abduqeyum Hoja (77 ans), qui est actuellement hospitalisé. Il est partiellement paralysé depuis un accident vasculaire cérébral et a besoin de soins médicaux constants. Le frère de Gulchehra Hoja, Kaiser Keyum, a été emmené par les autorités en octobre 2017 ; c’était lui qui s’occupait principalement de leurs parents. Il se trouverait au centre de détention n° 1 de la province autonome ouïghoure du Xinjiang, mais on ignore s’il est incarcéré officiellement.
Par ailleurs, Gulchehra Hoja a appris de deux sources fiables qu’une vingtaines de membres de sa famille avaient aussi été emmenés par les autorités. Parmi ces personnes figurent sept cousin-e-s, Elshat Abduwali, Gheyret Abdurahman, Daniyar Abdukerim, Madina Mutalip, Mirzat Mutalip, Gulpiya Almas, Izhar Almas, qui ont été emmené-e-s par les autorités le 31 janvier et sont détenu-e-s à la prison de Ghulja Yengi Hayat, apparemment parce qu’ils/elles appartiennent à un même groupe que Gulchehra Hoja sur la messagerie WeChat. Un huitième cousin, Mehray Kahar, se trouve dans un centre de détention d’Urumqi.
Sous la houlette du secrétaire régional du Parti communiste, Chen Quanguo, de nombreux centres de détention ont été créés dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang. Dans ces établissements, qui peuvent s’appeler « centre de lutte contre l’extrémisme », « centre d’études politiques » ou encore « centre d’éducation et de transformation », des personnes sont détenues de façon arbitraire pendant des durées indéterminées et forcées d’étudier la législation et les politiques de la Chine. En général, elles y sont envoyées parce qu’elles pratiquent certaines religions, sont en relation avec des « contacts étrangers » ou parce qu’elles ou leurs proches font les frais d’une campagne de maintien de la stabilité sociale.