Shahidul Alam, prisonnier d’opinion et probablement victime de torture, s’est vu refuser une libération sous caution et subit une détention prolongée pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté d’expression. Il est poursuivi au titre de l’article 57 de la Loi sur les technologies de l’information et de la communication, un texte aux dispositions draconiennes en vigueur au Bangladesh. S’il est jugé et reconnu coupable, il risque jusqu’à 14 ans d’emprisonnement.
Shahidul Alam, photographe et militant bangladais renommé, s’est vu refuser une libération sous caution par un tribunal de première instance de Dacca le 11 septembre 2018, plus d’un mois après son placement injuste en détention pour avoir critiqué le gouvernement du Bangladesh sur son compte Facebook.
Ce tribunal a validé son maintien en détention après que les juridictions de première instance comme d’appel ont refusé à plusieurs reprises d’examiner ses demandes de libérations sous caution. Le 4 septembre 2018, un juge de la Haute Cour s’était notamment déclaré « gêné » d’examiner sa demande, sans fournir d’explication.
L’article 57 de la Loi de 2013 sur les technologies de l’information et de la communication prévoit une peine comprise entre sept et 14 ans de prison. Le dossier d’accusation lui attribue également une déclaration qu’il n’a pas publiée sur Facebook.
L’arrestation de Shahidul Alam s’inscrit dans le contexte des manifestations d’étudiants et de lycéens qui réclament des routes plus sûres, après que deux élèves ont été tués par un bus roulant à vive allure le 29 juillet 2018. Le 5 août, Shahidul Alam a critiqué la réaction brutale du gouvernement à ces manifestations sur la chaîne al Jazira en langue anglaise. Quelques heures après, il a été arrêté à son domicile, sans qu’un mandat d’arrêt lui soit présenté, par des membres du service d’enquête de la police qui l’ont conduit au siège de celui-ci.
Amnesty International considère Shahidul Alam comme un prisonnier d’opinion, arrêté uniquement pour avoir exercé pacifiquement son droit à liberté d’expression.