Terminus2049 (端点星计划) a été créé en janvier 2018, par le biais de la plateforme de production participative en ligne GitHub. Ce projet a pour objectif d’archiver des articles supprimés des médias traditionnels et des réseaux sociaux sous la pression de la censure d’État. Il a permis l’archivage de centaines de textes, y compris de nombreux articles récents consacrés au COVID-19.
Le 19 avril 2020, Chen Mei (陈玫), Cai Wei (蔡伟) et la compagne de Cai Wei, dont le nom de famille est Tang (唐), ont été emmenés par des policiers à Pékin. Des membres de la famille de Cai Wei et de sa compagne auraient reçu des renseignements de la part de la police du district de Chaoyang, à Pékin, les 24-25 avril. Selon les informations disponibles, soupçonnés de « chercher à causer des disputes et provoquer des troubles » (寻衅滋事罪), Cai Wei et Mme Tang ont tous deux été placés en « résidence surveillée dans un lieu désigné » (指定居所监视居住). Sur la base de ces informations, Amnesty International suppose que Chen Mei a connu un traitement similaire.
Depuis le début de la pandémie de COVID-19 en Chine, de nombreux articles consacrés au virus ont été censurés, y compris certains ayant été publiés par des organes de presse grand public, comme une filiale de Beijing Youth Daily et Caijing. Des publications sur les réseaux sociaux, des hashtags relatifs à des sujets sensibles, et des revendications sur le terrain de la liberté d’expression ont rapidement été supprimés ou censurés.
Selon de nombreuses sources, des journalistes indépendants et des militant·e·s ont été harcelés par les autorités pour avoir partagé des informations relatives au COVID-19 sur les réseaux sociaux. Figurent parmi ces personnes : Chen Qiushi, avocat et journaliste citoyen connu pour son franc parler, qui a dit avoir été harcelé par les autorités après avoir mis en ligne des séquences vidéo filmées dans des hôpitaux de Wuhan ; et Fang Bin, résident de Wuhan, qui a brièvement été arrêté par les autorités après avoir diffusé une vidéo montrant semble-t-il les corps sans vie de personnes ayant succombé au COVID-19.
La « résidence surveillée dans un lieu désigné » est une mesure qui permet, dans certaines circonstances, aux enquêteurs de maintenir des personnes hors du système de détention officiel pendant une période pouvant aller jusqu’à six mois, et s’apparente à une forme de détention au secret. Les suspect·e·s placés dans cette forme de « résidence surveillée » n’ont pas la possibilité de consulter un avocat de leur choix ni d’entrer en contact avec quiconque, y compris leur famille, et sont exposés à un risque de torture et d’autres mauvais traitements.
Cette forme de détention a été utilisée pour entraver les activités de défenseur·e·s des droits humains, dont des avocat·e·s, des militant·e·s et des pratiquant·e·s de certaines religions. Les militant·e·s et les défenseur·e·s des droits humains continuent d’être systématiquement soumis à une surveillance, à des manœuvres de harcèlement et d’intimidation, à des placements en détention et à des arrestations.