Écrire Deux blogueurs de premier plan ont disparu

Lu Yuyu et sa petite amie, deux blogueurs qui recueillaient et publiaient des données sur les manifestations en Chine, ont disparu le 15 juin 2016 et pourraient être en détention. Ils risquent d’être victimes de torture et d’autres formes de mauvais traitements.

La famille et les amis de Lu Yuyu ont perdu contact avec lui et sa petite amie. Le couple vit à Dali, dans la province du Yunnan. Ils géraient un blog (wickedonna.blogspot.com) et un compte Twitter (@wickedonnaa) appelé « Not News ». Le dernier message a été publié le 15 juin.

Depuis 2013, le couple réunissait et diffusait des données sur les manifestations en Chine et les publiait tous les jours sur différents réseaux sociaux, notamment blogger.com, Google Drive, Twitter et Weibo. Pour la seule année 2015, ils ont recueilli des informations sur près de 30 000 « incidents de masse ». Ces incidents de masse comprennent des actions collectives telles que des manifestations de villageois contre des confiscations de terres, des grèves et des manifestations ouvrières ou encore des manifestations de propriétaires floués par des promoteurs.

Les derniers chiffres publiés par le gouvernement chinois datent de 2007 et faisaient état de plus de 100 000 « incidents de masse », mais le gouvernement a depuis arrêté de publier ces chiffres officiels. Les estimations d’universitaires de Chine continentale sur le nombre d’« incidents de masse » ces dernières années varient largement et oscillent entre 30 000 et 180 000 par an.

Selon certaines sources, Lu Yuyu et sa petite amie ont été forcés à déménager par le passé en raison des manœuvres d’intimidation de la police liées à leur travail sur leur blog.

La Chine applique toujours l’une des plus vastes politiques de censure au monde et la publication de lettres non autorisées ou d’opinions critiques des dirigeants ou de la politique du gouvernement peut avoir de graves conséquences professionnelles et pénales pour les rédacteurs en chef.

Les autorités continuent d’invoquer des lois rédigées en termes vagues afin de prendre pour cible des personnes ayant seulement exercé leur droit à la liberté d’expression. Depuis l’arrivée au pouvoir du président Xi Jinping en novembre 2012, des centaines de personnes ont été placées en détention uniquement pour avoir exprimé leurs opinions sur Internet.

Le président Xi Jinping a réitéré à plusieurs reprises la nécessité de maintenir la « conception marxiste du journalisme » selon laquelle tous les médias officiels doivent défendre les intérêts du Parti communiste. Dans le même temps, une note idéologique intitulée « Document Numéro 9 » a été divulguée et mettait en garde contre la « tendance trompeuse » à promouvoir la « liberté de la presse » et la « libre circulation des informations sur
Internet ».

Le 19 février, le président Xi Jinping s’est rendu dans les locaux de la CCTV (China Central Television), du journal People’s Daily et de l’agence de presse Xinhua pour encourager les médias à « protéger l’autorité du parti et son unité ». Il a également indiqué aux médias officiels qu’ils « devaient représenter les intérêts du parti ». Historiquement, les discussions quant à l’« affiliation » des institutions ou des structures politiques portent sur l’orientation générale et l’idéologie que ces organismes doivent suivre.

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