Écrire Deux civils israéliens seraient détenus depuis plus de deux ans

Avera Mangistu et Hisham al Sayed sont portés disparus respectivement depuis le 7 septembre 2014 et le 20 avril 2015 dans la bande de Gaza. Ces deux civils israéliens souffrent de graves troubles psychiques. Les autorités du Hamas dans la bande de Gaza refusent de dévoiler une quelconque information à leur sujet. Ce qu’ils sont devenus tout comme le lieu où ils se trouvent restent indéterminés.

Deux civils israéliens, Avera Mangistu, 31 ans, et Hisham al Sayed, 29 ans, sont portés disparus depuis plus de deux ans, après qu’ils sont entrés séparément dans la bande de Gaza. Le 7 septembre 2014, Avera Mangistu, d’origine éthiopienne, a quitté son domicile d’Ashkelon, dans le sud d’Israël, et est entré dans la bande de Gaza sans autorisation en escaladant une clôture barbelée près de la plage. Il semble qu’Hisham al Sayed soit entré dans la bande de Gaza, à pied, le 20 avril 2015, après avoir quitté son domicile familial dans le village bédouin d’al Sayed, dans le désert du Néguev/ Naqab, dans le sud d’Israël.

Les deux hommes souffrent de troubles mentaux. La famille d’Avera Mangistu a déclaré à Amnesty International que ce dernier souffre de troubles psychiques graves depuis la mort de son frère le 11 novembre 2012. Amnesty International a examiné les documents hospitaliers fournis par les services de psychiatrie du ministère israélien de la Santé, d’après lesquels Avera Mangistu a été admis dans un hôpital psychiatrique à deux occasions distinctes en janvier 2013. D’après le dossier médical d’Hisham al Sayed, son diagnostic fait état de schizophrénie et de troubles de la personnalité, ce pourquoi il a été hospitalisé et a besoin de traitements réguliers.

Amnesty International craint que les deux hommes ne soient détenus comme otages par l’aile militaire du Hamas, les Brigades Izz al Din al Qassam, en vue d’un éventuel échange de prisonniers. En avril 2016, le groupe armé a diffusé en ligne une déclaration filmée, présentant des images des deux hommes vêtus d’uniformes de l’armée israélienne. Le porte-parole des Brigades al Qassam déclarait qu’ils ne livreraient aucune information sur ces hommes sans qu’un certain montant et des prestations ne soient versés avant et après les négociations – ce qui laisse à penser qu’ils sont retenus comme otages en vue d’un éventuel échange de prisonniers. Cependant, Amnesty International a examiné des documents qui prouvent qu’Avera Mangistu a été déclaré inapte au service militaire. Quant à Hisham al Sayed, Human Rights Watch a rendu public un document qui confirme qu’il a lui aussi été jugé inapte et dispensé de ses obligations militaires en novembre 2008.

Les autorités du Hamas dans la bande de Gaza refusent de révéler une quelconque information sur le sort réservé aux deux hommes et le lieu où ils se trouvent.

L’enlèvement d’Hisham al Sayed et d’Avera Mangistu et l’absence d’informations sur le sort qui leur a été réservé et le lieu où ils se trouvent ont un impact émotionnel et psychologique énorme sur leurs familles. Elles craignent que leur état de santé physique et mental ne se détériore du fait de leur enlèvement et de l’absence de soins médicaux adéquats. Hisham al Sayed a quitté son domicile d’al Sayed dans le désert du Néguev/Naqab, le 20 avril 2015, sans dire à sa mère où il se rendait. Elle a simplement pensé qu’il allait au magasin. Elle a déclaré à Amnesty International craindre pour la vie et le bien-être de son fils : « J’ai peur qu’il ne soit frappé ou ridiculisé. Hisham est un bon garçon ; il ne ferait de mal à personne, ils devraient le laisser rentrer à la maison. » Il était déjà entré dans la bande de Gaza sans autorisation le 2 février 2010 et le 16 janvier 2013.

D’après son père, les autorités du Hamas étaient au courant des troubles mentaux dont souffre Hisham al Sayed. Il a expliqué qu’à chaque fois qu’il franchissait la frontière, son fils était détenu et interrogé par les autorités du Hamas, avant d’être remis à Israël au passage d’Erez, entre Israël et Gaza occupée : « Il est allé à Gaza à deux reprises », et à chaque fois, « le Hamas l’a interrogé. Ils savaient qu’il souffrait de troubles de [santé] mentale, [et] l’ont libéré au passage d’[Erez]. Hisham avait aussi franchi la frontière entre la Jordanie et l’Égypte sans autorisation. » Il a ajouté : « Nous n’avons rien à voir avec la politique, nous ne comprenons pas comment le Hamas peut le détenir jusqu’à aujourd’hui, sans même nous rassurer sur le fait qu’il est en vie et qu’il va bien. » Cet homme s’efforce de savoir ce qu’il est advenu de son fils, en vain.

Avera Mangistu et sa famille sont partis d’Éthiopie pour se rendre en Israël lorsqu’il avait cinq ans. La famille se bat pour gagner de quoi vivre. Son père est au chômage depuis 10 ans et sa mère a un salaire modeste. Le 13 mars 2003, Avera Mangistu a été jugé inapte au service militaire et dispensé de la conscription obligatoire. Il a ensuite travaillé comme chauffeur pour une entreprise de recyclage et dans l’industrie du tourisme afin de soutenir sa famille. Le 11 novembre 2012, le frère d’Avera Mangistu est mort après avoir souffert d’anorexie. Le frère aîné d’Avera Mangistu, Eilan, a expliqué qu’au sein de leur famille, c’est Avera qui a été le plus affecté par la mort de leur frère. Sa santé mentale s’est dégradée au point qu’il a dû être hospitalisé à de multiples reprises. Eilan a déclaré que son frère ne se sentait pas bien lorsqu’il a franchi la frontière, ajoutant : « Nous ne savons pas comment il est traité, nous n’avons reçu aucune information sur sa santé. Avera est un civil innocent qui souffre de troubles mentaux. Il n’a rien à voir avec la politique. »

En larmes, la mère d’Avera Mangistu a raconté à Amnesty International la souffrance émotionnelle que génère la disparition de son fils pour elle-même et toute la famille : « Je ne peux pas vivre comme ça, personne ne fait rien pour libérer mon fils. Nous n’avons aucune information à son sujet et je ne sais même pas s’il est encore en vie. »

Toute la famille a fait part de sa déception face à l’absence de soutien et d’implication du gouvernement israélien et des membres du cabinet. Ils ont déclaré à Amnesty International : « Nous nous sentons tristes et impuissants face au mépris des dirigeants du pays pour la vie d’Avera Mangistu. Nous pensons que c’est uniquement parce qu’il est membre d’une communauté marginalisée. »

En 2012, le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale a exprimé son inquiétude quant aux politiques discriminatoires affectant les communautés éthiopiennes et bédouines en Israël.

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