Deux défenseures cambodgiennes du droit au logement ont été arrêtées et inculpées d’incitation à commettre un acte criminel pour avoir pris part à une manifestation pacifique réclamant la libération de cinq défenseurs des droits humains incarcérés. Leur procès a été reporté au 22 août. Amnesty International les considère comme des prisonnières d’opinion.
Tep Vanny et Bov Sophea, défenseures du droit au logement des riverains du lac Boeung Kak à Phnom Penh, la capitale du Cambodge, ont été arrêtées dans la soirée du 15 août alors qu’elles menaient une veillée pacifique contre des agents corrompus avec un petit groupe d’habitants. Ce rassemblement pacifique s’inscrivait dans la campagne de mobilisation « Lundi noir » menée par des défenseurs des droits humains contre la détention de quatre employés d’une organisation locale de défense des droits, ADHOC (Association pour les droits de l’Homme et le développement au Cambodge), et d’un ancien employé d’ADHOC qui est aujourd’hui secrétaire général adjoint du Comité national électoral.
Après leur arrestation, Tep Vanny et Bov Sophea ont été détenues au poste de police de Daun Penh pendant deux nuits avant d’être conduites devant le tribunal municipal de Phnom Penh pour interrogatoire, le 17 août. Dans la journée, elles ont été inculpées au titre de l’article 495 du Code pénal d’« incitation à commettre un acte criminel » et une procédure a été ouverte au titre de l’article 47 du Code de procédure pénale, qui autorise des poursuites accélérées lorsque certaines conditions sont remplies. Si elles sont déclarées coupables, elles risquent jusqu’à deux ans de prison et une amende pouvant aller jusqu’à 885 euros. Leur procès s’est ouvert mais a été reporté au 22 août. Elles sont actuellement détenues à la prison Prey Sar CC2, dans la banlieue de Phnom Penh.
Les arrestations de Tep Vanny et Bov Sophea s’inscrivent dans le cadre d’une politique des autorités visant à décourager et étouffer la campagne « Lundi noir ». Depuis 2007, les deux femmes prennent part à des manifestations pacifiques pour défendre les droits au logement dans leur quartier et ailleurs. Toutes deux ont été arrêtées de nombreuses fois et ont déjà été détenues en tant que prisonnières d’opinion.