Les deux députés sont inculpés d’infraction à l’article 5.1 de la Loi de 2008 relative à la répression du terrorisme et à l’article 4b de la Loi de 1938 relative à la sédition et aux activités subversives, de charges de meurtre forgées de toutes pièces, ainsi que d’infraction à la règle n° 4 du Règlement sur la gestion des catastrophes en vertu de la Loi n° 1 de 2006 relative à la gestion des catastrophes.
Depuis leur arrestation en juillet, des actions de protestation et des manifestations pacifiques appelant à leur libération inconditionnelle, organisées par diverses parties prenantes, ont eu lieu dans tout le pays. Le 1er octobre, au cours de la plus grande de ces manifestations à ce jour, plus de 10 000 Swazi·e·s se sont rendus en cortège à l’ambassade américaine pour y déposer une pétition, qui appelait les États-Unis à soutenir l’appel à la libération des deux députés et remettait en question l’indépendance du pouvoir judiciaire ainsi que sa capacité à faire bénéficier les deux hommes d’un procès équitable. Selon des témoignages, les manifestants et manifestantes ont été violemment dispersés par les autorités, les forces de sécurité utilisant des balles réelles, des balles en caoutchouc et du gaz lacrymogène. L’armée a également été déployée et des soldats ont dressé des barrages routiers pour empêcher les gens de rejoindre les manifestations. Un manifestant a été hospitalisé dans un état critique après avoir été touché à la tête par un tir des forces de sécurité d’Eswatini.
Tout au long du mois d’octobre 2021, les manifestations en faveur de la démocratie et les défilés contre les violences policières se sont poursuivis un peu partout dans le pays. Le 8 octobre, Nhlanhla Kunene aurait été tué par les forces de sécurité à Siteki. Sa mort a déclenché, dans tout le pays, une nouvelle série de manifestations demandant qu’il soit mis fin aux brutalités policières et que les manifestants et manifestantes pacifiques arrêtés, dont les deux députés, soient libérés.
Plus de 1 000 personnes ont été arrêtées depuis le début des manifestations en juin, dont des élèves de l’enseignement primaire et secondaire, qui ont depuis lors rejoint le mouvement en faveur des réformes politiques. Dans certains cas, les forces de sécurité ont également agressé des élèves qui participaient aux actions de protestation. Alors que les manifestations continuent à prendre de l’ampleur, les autorités ont déployé les forces de sécurité pour réprimer la contestation, fermé des établissements scolaires jusqu’à nouvel ordre et ordonné aux opérateurs de téléphonie mobile de couper l’accès à Internet et aux réseaux sociaux.
Les activités militantes à caractère politique sont réprimées depuis des années dans le royaume d’Eswatini, dirigé par Mswati III, dernier monarque absolu d’Afrique. Dans ce pays, cela fait longtemps que des journalistes, des défenseur·e·s des droits humains et des militant·e·s politiques sont envoyés en prison au titre de lois répressives, notamment la Loi de 1938 relative à la sédition et aux activités subversives et la Loi de 2008 relative à la répression du terrorisme, simplement pour avoir dénoncé la répression visant les personnes dissidentes.