Deux dirigeants réclamant la restitution des terres des territoires collectifs de communautés afro-colombiennes des régions de Curvaradó, Jiguamiandó et Pedeguita y Mancilla, dans le département du Chocó, ont été tués par des groupes paramilitaires appartenant au groupe Autodefensas Gaitanistas de Colombia (AGC). Les habitants de ces zones humanitaires et de biodiversité se sentent menacés.
Le 9 décembre, la Commission Justice et paix, une ONG de protection des droits humains, a signalé l’homicide d’Hernán Bedoya, un dirigeant du territoire collectif de Pedeguita y Mancilla qui réclamait la restitution des terres de la communauté et avait dénoncé des associations illégales, des contrats frauduleux et la présence de groupes paramilitaires dans la région. Le groupe paramilitaire Autodefensas Gaitanistas de Colombia l’a tué vers 13 h 15 en lui tirant dessus 14 fois dans le village de Playa Roja, à un endroit connu sous le nom d’El Acopio.
Le 26 novembre, Mario Castaño Bravo, un dirigeant de Curvaradó demandant également la restitution des terres de la communauté, a été tué dans sa ferme, dans la région de Florida, sur le territoire de La Larga Tumaradó. Des individus non identifiés se sont introduits chez lui et lui ont tiré dessus plusieurs fois. Mario Castaño Bravo encadrait la rédaction d’une proposition de réparations collectives qui reconnaissait les communautés comme propriétaires légitimes des territoires collectifs et limitait les possibilités pour les entreprises de mener des activités menaçant la vie, les terres ou la dignité des habitants sans consultation.
Les deux dirigeants avaient obtenu des mesures de protection de l’Unité de protection nationale, mais celles-ci se résumaient à leur fournir des gilets pare-balles et des téléphones portables. Ces événements prouvent l’inefficacité des mesures de protection accordées par le gouvernement colombien et l’Unité de protection nationale.
D’après la Commission Justice et paix, qui soutient les procédures collectives dans le département du Chocó, ces homicides visent à entraver les procédures de revendications foncières dans 13 zones humanitaires et de biodiversité mises en place pour assurer les retours et les réparations pour les familles déplacées dans les années 1990. Les habitants de cette région craignent que de tels événements se reproduisent. Les habitants des zones humanitaires et de biodiversité se sont vu accorder des mesures de protection par la Cour constitutionnelle de Colombie et la Commission interaméricaine des droits de l’homme a accordé des mesures conservatoires à cinq des dirigeants. Cependant, ces personnes sont toujours menacées par les activités du groupe Autodefensas Gaitanistas de Colombia dans la région.