Le tribunal intermédiaire de Guangzhou (Canton) a condamné Sophia Huang Xueqin à cinq années d’emprisonnement et le militant des droits du travail Wang Jianbing à trois ans et six mois d’emprisonnement pour « incitation à la subversion de l’État » le 14 juin 2024. Tous deux ont fait appel de leur jugement devant la Haute cour du Guangdong.
Sophia Huang Xueqin est une journaliste qui a participé à plusieurs campagnes #MeToo visant à apporter soutien et assistance à des victimes d’agressions et de harcèlement sexuels. Wang Jianbing a apporté un soutien juridique à des personnes en situation de handicap ou souffrant de maladies professionnelles, et il soutient activement le mouvement #MeToo en Chine.
Leur condamnation est liée à leur participation aux réunions hebdomadaires avec d’autres militant·e·s que Wang Jianbing organisait chez lui, ainsi qu’à des cours en ligne d’éducation aux droits humains et à des publications en ligne portant sur des questions considérées comme « sensibles » par le gouvernement chinois.
Ces deux militant·e·s ont été arrêtés à Guangzhou le 19 septembre 2021, la veille du jour où Sophia Huang Xueqin devait quitter la Chine pour aller suivre des études de master au Royaume-Uni. Ils ont été maintenus en détention au secret pendant plus de cinq mois.
Depuis leur arrestation, ils ont l’un et l’autre été empêchés de voir leur famille. Par ailleurs, des dizaines de leurs ami·e·s ont été convoqués par la police, qui a fouillé leurs logements et saisi des appareils électroniques.
Sophie Huang Xueqin et Wang Jianbing auraient tous deux été soumis à des mauvais traitements en détention, qui auraient contribué à la forte dégradation de leur état de santé. Selon des informations récentes de sources fiables, celui de Wang Jianbing, en particulier, s’est aggravé depuis quelque temps, notamment sur le plan cardiaque et intestinal. Lors d’examens de routine, on lui a détecté une insuffisance mitrale, des anomalies du ventricule gauche et une arythmie cardiaque, à l’origine de vives douleurs thoraciques par moments. En raison des troubles digestifs prolongés qui se sont développés durant sa détention initiale à l’isolement et ont été exacerbés par la fatigue liée aux interrogatoires, il souffre fréquemment de diarrhée.
Bien qu’il ait fait part de ses préoccupations médicales à plusieurs reprises à la direction du centre de détention, celle-ci n’a pris aucune mesure jusqu’à présent et a refusé les médicaments qui lui ont été envoyés. Malgré ces difficultés, il reste fort mentalement et a demandé des livres de philosophie. Avant leur condamnation, Sophia Huang Xueqin aurait également rencontré des problèmes de santé, notamment une aménorrhée prolongée et une brusque perte de poids.
Les autorités chinoises recourent systématiquement à des chefs d’inculpation liés à la sécurité nationale, s’appuyant sur des dispositions très vagues, comme la « subversion de l’État » et l’« incitation à la subversion de l’État », pour engager des poursuites contre des avocat·e·s, des universitaires, des journalistes, des militant·e·s et des employé·e·s d’ONG, entre autres.
Amnesty International a publié une déclaration conjointe avec d’autres organisations en septembre 2023, à l’occasion du deuxième anniversaire de l’arrestation de Sophie Huang Xueqin et Wang Jianbing.
Le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a jugé en 2022 que Wang Jianbing était détenu arbitrairement, et a demandé à maintes reprises à la Chine d’abroger l’infraction d’« incitation à la subversion » ou de la mettre en conformité avec les normes internationales.
Des courriers pour demander un meilleur traitement et la libération de Sophie Huang Xueqin et Wang Jianbing peuvent être envoyés au Directeur du bureau municipal de la Sécurité publique de Guangzhou, Zhang Rui, au Procureur principal de Guangzhou, Zhang Jian, ou à ces deux responsables. Cependant, au vu de l’urgence pour la santé de Sophie Huang Xueqin et Wang Jianbing, la priorité doit être donnée aux courriers adressés à Zhang Rui.