Écrire Deux militants kurdes ont été libérés, un troisième est toujours en détention

Le 10 juillet, Mohsen Taher, un militant kurde syrien de l’opposition, a été transféré vers un hôpital, car son état de santé s’est détérioré. Amin Hussam et Bashar Amin, également des militants kurdes syriens de l’opposition, ont été libérés. Les trois hommes avaient été arrêtés par les forces de l’Asayesh en mai et avaient été emprisonnés à la prison d’Allaya, dans le nord-est de la Syrie.

Mohsen Taher, un militant kurde syrien de l’opposition de 49 ans en détention, a été transféré à l’hôpital de Farman le 10 juillet, car son état de santé s’est détérioré. Il est membre du Conseil national kurde de Syrie. Amin Hussam (58 ans) et Bashar Amin (70 ans), deux autres militants kurdes syriens de l’opposition et également membres du Conseil national kurde de Syrie, ont été libérés le 10 juillet.

Mohsen Taher et Amin Hussam avaient été arrêtés par les forces de l’Asayesh, les forces de police de l’administration autonome dirigée par le Parti de l’union démocratique, le 9 mai. Bashar Amin avait été arrêté par les forces de l’Asayesh le 21 mai. Ils ont tous été placés en détention à la prison d’Allaya, à El Qamishli (nord-est de la Syrie), sans inculpation et sans accès à des avocats.

Mohsen Taher a été transféré à l’hôpital de Farman le 10 juillet pour des examens médicaux, avant d’être renvoyé à la prison d’Allaya vers 17 heures. D’après un de ses proches, la famille de Mohsen Taher a pu le contacter le 11 juillet, et il a confirmé qu’il était de retour à la prison d’Allaya et que son état de santé était stable. Avant d’être transféré à l’hôpital, Mohsen Taher avait confirmé à sa famille qu’il n’avait toujours pas été officiellement inculpé et qu’il ne pouvait pas contacter un avocat.

« Nous sommes inquiets quant à l’état de santé de Mohsen. Nous avons entendu qu’il avait perdu beaucoup de poids », a déclaré son proche à Amnesty International.
Amin Hussam a été libéré de détention le 10 juillet à 19 heures. Il souffre de migraines chroniques et d’une maladie neurodégénérative touchant sa jambe droite, et a besoin d’un traitement permanent. Son état de santé est stable.

Bashar Amin a été libéré le 10 juillet à 21 h 15, afin qu’il reçoive un traitement médical, car il souffre d’une pathologie cardiaque chronique et a besoin d’un traitement médical et d’une alimentation appropriés. Bashar Amin reçoit actuellement un traitement adapté.

Les trois hommes étaient détenus dans de mauvaises conditions à la prison d’Allaya et ont perdu beaucoup de poids en raison du manque de nourriture. Leurs proches ont déclaré que les trois hommes avaient du mal à supporter les températures élevées à l’intérieur de leur cellule, en raison de l’absence de système de ventilation adapté.

Bashar Amin avait déjà été arrêté par un groupe d’inconnus en mai 2014 et avait été exilé au Kurdistan irakien où il était resté deux semaines. Il est ensuite revenu à El Haseke pour continuer ses activités militantes, bien qu’il ait été harcelé à maintes reprises par l’Asayesh et le gouvernement syrien. En octobre 2016, Bashar Amin a perdu son fils dans un attentat suicide perpétré lors d’un mariage dans la ville d’Hasakeh.

La détention arbitraire de Mohsen Taher, Amin Hussam et Bashar Amin en mai semble s’inscrire dans une campagne délibérée d’arrestations de militants politiques et d’autres personnes par l’Asayesh dans la région contrôlée par l’administration autonome dirigée par le Parti de l’union démocratique et connue sous le nom de Rojava (Kurdistan syrien). Depuis le 14 mars 2017, l’Asayesh a arbitrairement arrêté et placé en détention de nombreux membres et sympathisants de partis d’opposition kurdes à El Qamishli et dans plus de neuf villes du Rojava.

Les 13 membres dirigeants du Conseil national kurde de Syrie arrêtés par l’Asayesh le 9 mai étaient : Fasla Youssef, Narin Matini, Mahmud Malla, Mohsen Taher, Abdelsamad Khalaf Biro, Fathi Gaddo, Ahmed Ajeh, Mahmoud Haj Ali, Farhad Tami, Mohamed Amin Hossam, Noreldin Fattah, Taher Hassaf et Qassem Sherif.
Ces arrestations sont liées à la poursuite des activités du Conseil national kurde de Syrie après la fermeture de ses bureaux par l’Asayesh le 2 mai pour gestion d’une organisation « non agréée ». Le 7 mai, le Conseil national kurde de Syrie a organisé un sit-in devant son bureau principal dans le quartier de Siyahi à El Qamishli, pendant lequel Mohsen Taher a prononcé un discours dénonçant les pratiques répressives du Parti de l’union démocratique. À la fin du sit-in, Mohsen Taher a rouvert le bureau principal du Conseil national kurde de Syrie et les membres sont retournés travailler normalement jusqu’à leur arrestation par l’Asayesh le 9 mai.
Le 10 mai, à Afrin, l’Asayesh a arrêté Mohamed Sido Ben Hassan, un sympathisant du Conseil national kurde de Syrie âgé de 80 ans. Maintenu en détention pendant 14 jours, il a ensuite été jugé en public à Bilan, le village où il vivait. Il est mort d’un arrêt cardiaque pendant le procès.

Quelques jours plus tard, les forces de l’Asayesh ont arrêté quatre autres membres du Conseil national kurde de Syrie : Suleiman Oussou, Fouad Ibrahim, Nafeh Abdullah et Barzan Hussein (un journaliste travaillant à Ark TV). Le 24 juin, Suleiman Oussou a été libéré pour recevoir des soins médicaux pour sa pathologie cardiaque grave, mais les trois autres hommes sont toujours en détention arbitraire à la prison d’Allaya à ce jour.

En 2014, le Parti de l’union démocratique, allié à plusieurs petits partis politiques, a fondé une administration autonome dans trois cantons majoritairement kurdes du nord de la Syrie : Afrin, Jazira (dans le gouvernorat d’El Haseke) et Aïn Al Arab (Kobané). L’administration dirigée par le Parti de l’union démocratique dispose de ses propres forces de police, tribunaux, prisons, ministères et lois. Le Parti de l’union démocratique a également formé une armée, les Unités de protection du peuple (YPG), essentiellement chargée de protéger le territoire contrôlé par les Kurdes et de gérer les tribunaux militaires.

En août 2015, Amnesty International s’est rendue dans deux prisons centrales sous le contrôle de l’Asayesh, à El Qamishli et Malikiya. Les chercheurs d’Amnesty International ont recueilli des informations attestant la détention arbitraire de personnes critiques à l’égard des autorités et d’autres personnes soupçonnées d’être des sympathisants ou des membres du groupe armé autoproclamé État islamique. Certaines personnes étaient maintenues en détention arbitrairement, sans avoir été jugées ni même inculpées, depuis jusqu’à un an. Celles qui avaient été jugées avaient passé de longues périodes en détention provisoire et avaient fait l’objet de procédures manifestement iniques.

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