Écrire Deux pasteurs Kachins portés disparus après avoir aidé des journalistes

Deux pasteurs membres de l’ethnie kachin, qui aidaient des journalistes à enquêter sur des violations des droits humains commises par des militaires dans le nord de l’État chan, ont disparu depuis le 24 décembre 2016. Ils ont été vus pour la dernière fois près d’un poste de l’armée dans la ville de Monekoe. On ignore encore ce qu’il est advenu d’eux et le lieu où ils se trouvent.

Dumdaw Nawng Lat, pasteur et ancien de sa communauté à Monekoe, une ville de la municipalité de Muse (nord de l’État chan), a été convoqué le 24 décembre 2016 à un poste de l’armée situé sur place, vraisemblablement pour discuter de l’arrestation d’un habitant. Lui et son neveu Langjaw Gam Seng, également pasteur à Monekoe, qui l’accompagnait, ont été vus pour la dernière fois près de ce poste militaire, appelé localement Byu Har Kone, vers 17 heures ce jour-là.

Des sources locales pensent qu’ils pourraient avoir été placés en détention par les autorités du Myanmar parce qu’ils ont participé à l’organisation d’une visite de journalistes à Monekoe à la fin novembre 2016. Cette visite comportait une étape à l’église qui, selon des organisations kachins, a été partiellement détruite par des frappes aériennes de l’armée du Myanmar à la suite de combats acharnés entre celle-ci et les Frères de l’Alliance du Nord, une nouvelle coalition de quatre groupes ethniques armés présents dans le nord du Myanmar. L’accès à cette région est extrêmement limité. Amnesty International craint que Dumdaw Nawng Lat et Langjaw Gam Seng n’aient été soumis à une disparition forcée.

Leur disparition a été signalée par des proches au poste de police de la municipalité de Muse le 4 janvier 2017, mais aucune information n’a été obtenue quant au sort des deux hommes et au lieu où ils se trouvent.

Le conflit opposant les groupes ethniques armés et l’armée du Myanmar dans l’État kachin et le nord de l’État chan est entré dans sa cinquième année. Les combats se sont fortement intensifiés en novembre 2016, lorsque les Frères de l’Alliance du Nord, une nouvelle coalition réunissant quatre groupes ethniques armés présents dans le nord du Myanmar, ont lancé des attaques coordonnées contre des positions des forces de sécurité. Ils ont déclaré que ces attaques répondaient aux offensives incessantes de l’armée du Myanmar. En réaction, celle-ci aurait eu recours à des frappes aériennes et des pilonnages d’artillerie.

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), plus de 100 000 personnes ont déjà été déplacées par les affrontements dans l’État kachin et le nord de l’État chan. Cependant, l’accès des organes de l’ONU et d’autres organismes et acteurs humanitaires aux populations déplacées dans les zones non contrôlées par l’armée est extrêmement limité.

Des atteintes aux droits humains auraient été commises par les forces gouvernementales et les groupes ethniques armés dans les zones de conflit : viols et autres formes de violence sexuelle, enlèvements, arrestations arbitraires suivies de torture, travail forcé, utilisation sans discernement de mines antipersonnel et enrôlement d’enfants soldats.

Néanmoins, la culture de l’impunité persiste pour les violations des droits humains perpétrées par les forces de sécurité du Myanmar, et la plupart des responsables de violations passées et en cours, y compris de crimes au regard du droit international, n’ont pas été traduits en justice. Ainsi, cinq ans après que Sumlut Roi Ja, une femme kachin, a été arrêtée par l’armée, on ignore toujours ce qu’il est advenu d’elle et le lieu où elle se trouve. Elle a été soumise à une disparition forcée en octobre 2011 dans l’État kachin après avoir été emmenée, avec son mari et son beau-père (qui ont réussi à s’échapper), par des soldats de l’armée du Myanmar. À ce jour, personne n’a eu à répondre de ces actes.

Une personne est victime de disparition forcée lorsque des agents de l’État l’arrêtent ou l’enlèvent, mais refusent ensuite de reconnaître qu’elle est privée de liberté, ou dissimulent le lieu où elle se trouve ou ce qui lui est arrivé. Ce faisant, ils la soustraient à la protection de la loi. Une fois qu’elles sont loin des regards, les victimes de disparition forcée risquent la torture, d’autres formes de mauvais traitements et la mort.

Les disparitions forcées sont contraires à plusieurs traités internationaux relatifs aux droits humains, dont la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Elles constituent aussi un crime au regard du droit international.

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