Écrire Un dirigeant autochtone et militant environnemental en prison

Sergueï Nikiforov, un dirigeant du peuple autochtone evenk et défenseur des droits environnementaux, a été emprisonné à l’issue d’un procès inique pour s’être opposé à un projet d’extraction d’or dans l’oblast de l’Amour (Extrême-Orient russe). Cet homme est un prisonnier d’opinion.

Sergueï Nikiforov est un défenseur des droits environnementaux et dirigeant du peuple autochtone evenk du village d’Ivanovka, dans l’oblast de l’Amour. Le 29 septembre 2015, il a été condamné à cinq ans d’emprisonnement dans un camp et à une amende de 16 millions de roubles (environ 152 000 livres britanniques) pour corruption et escroquerie par un tribunal de Blagovechtchensk (oblast de l’Amour). Le 8 décembre, la peine a été ramenée en appel à quatre ans d’emprisonnement et à une amende de trois millions de roubles (environ 28 000 livres britanniques). Sergueï Nikiforov est actuellement détenu à Blagovechtchensk en attendant son transfert dans une colonie pénitentiaire.

Les charges retenues contre cet homme sont liées à un projet de construction qu’il avait confié à une entreprise de bâtiment en 2012. La société a été payée d’avance mais n’a jamais effectué les travaux et, en septembre 2013, Sergueï Nikiforov a déposé deux plaintes contre elle pour escroquerie et corruption. Ses plaintes ont abouti et la société a été condamnée à le rembourser mais, étrangement, elle l’a accusé à son tour d’escroquerie et de corruption en octobre 2013. Il a été assigné à résidence dans l’attente de son procès et la situation est demeurée en l’état jusqu’en septembre 2015.

En juillet 2015, l’entreprise minière de Petropavlovsk-Kamtchatski a obtenu l’autorisation d’extraire de l’or au moyen d’explosifs dans un rayon de deux kilomètres autour du village d’Ivanovka sans que les Evenks n’aient été consultés, comme l’exige pourtant le droit russe. Malgré l’échec des pourparlers entre les Evenks, les représentants de l’entreprise et les autorités locales, les activités se sont poursuivies. L’entreprise minière extrayait de l’or dans l’oblast depuis plusieurs années et entretenait jusque là de bonnes relations avec les Evenks. Le 10 septembre, les villageois ont demandé que les activités cessent en attendant qu’une étude ethnologique et écologique soit menée et ont fait part de leur intention de s’opposer par tous les moyens à l’extraction minière. Sergueï Nikiforov a dirigé le mouvement visant à dénoncer la dernière autorisation en date alors même qu’il était assigné à résidence.

Des éléments portent à croire que son procès a été inique et visait à dissuader les opposants au projet minier. Le cas de 2013 a été réactivé en septembre 2015, au moment où les villageois ont signifié clairement leur opposition. Le témoignage initial de Sergueï Nikiforov a été recueilli avant que son avocat n’ait pu se présenter et l’intéressé s’est rétracté par la suite. En outre, le tribunal a refusé d’examiner les preuves déterminantes apportées par la défense et d’entendre des témoins cruciaux. Ainsi, il ne s’est pas penché sur les documents bancaires attestant que Sergueï Nikiforov n’avait pas pu accepter de pots-de-vin à des dates données dans la ville de Blagovechtchensk car il se trouvait à Ekimchan, le centre administratif de l’oblast situé à 650 kilomètres de là, comme l’indiquent les opérations bancaires qu’il y a réalisées.

Sergueï Nikiforov est respecté dans son entourage et, sous sa direction, le village s’est développé et a prospéré. Afin de redynamiser la culture evenk, il a créé une troupe de danse dont l’entreprise minière de Petropavlovsk-Kamtchatski a financé certaines activités.

Les charges retenues contre lui sont liées à un projet de construction qu’il a confié à une entreprise de bâtiment en 2012. Celle-ci était chargée de réparer le château d’eau et le système de chauffage de l’école maternelle du village. L’équité de son procès est mise en doute, notamment parce que le tribunal a refusé d’examiner des éléments essentiels présentés par la défense. En outre, il a jugé irrecevables des documents prouvant qu’un transfert vers le compte de Sergueï Nikiforov, qui était présenté comme un pot-de-vin, correspondait en réalité au remboursement de frais de transport et ne provenait pas de l’entreprise de bâtiment. La direction de celle-ci n’a pas été appelée à témoigner ni inculpée de corruption.

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