Écrire 61 personnes toujours sans domicile après une expulsion forcée

Quatre familles, soit 61 personnes dont 33 enfants, sont toujours sans domicile depuis qu’elles ont été expulsées de force et que leurs habitations ont été démolies dans la zone agricole d’Emphetseni, dans la ville de Malkerns, le 9 avril. Ces familles n’ont pas été averties suffisamment à l’avance de l’expulsion et ont dû chercher par elles-mêmes un hébergement temporaire, ce qui fait que la plupart d’entre elles ont été séparées. Les autorités swazies n’ont pas rencontré les familles touchées et ne leur ont pas proposé de solution de relogement, et les familles restent exposées à d’autres violations de leurs droits fondamentaux.

Les quatre familles expulsées de force ont tenté à plusieurs reprises de rencontrer les autorités du Swaziland, notamment des fonctionnaires du bureau du vice-Premier ministre, pour demander au gouvernement de leur proposer des solutions de relogement. Cependant, leurs tentatives n’ont pas abouti. Les familles ont été expulsées de force et leurs habitations ont été démolies à Emphetseni (ville de Malkerns) le 9 avril 2018, en présence d’un représentant de la Haute Cour de Mbabane et de policiers locaux armés.

Les familles n’ont pas reçu un préavis suffisant - ce n’est que la veille des événements qu’elles ont été informées de la décision d’expulsion prise à leur encontre par un tribunal le 14 juillet 2017. Après l’expulsion, les membres des familles, faute de trouver un hébergement temporaire adapté, ont dû se séparer. Les femmes et les enfants sont hébergés dans des logements locatifs temporaires. D’autres membres des familles sont restés dans les abris où ils avaient trouvé refuge après l’expulsion.

L’entreprise agricole privée qui possède les terrains sur lesquels les habitations étaient bâties et qui a demandé l’expulsion a rencontré les familles touchées le 2 mai 2018 et leur a remis 10 000 emalangeni (environ 850 dollars des États-Unis) et une vache par famille, en précisant qu’il s’agissait d’un don et non d’une indemnisation pour l’expulsion. Cette somme est insuffisante pour permettre aux familles de trouver une solution de relogement adaptée. Elles sont toujours sans domicile et restent exposées à diverses autres violations de leurs droits fondamentaux. Selon les parents, les enfants ont été traumatisés par l’expulsion et sont incapables de se concentrer à l’école, ce qui risque d’affecter leurs résultats scolaires.

En 1957, à des fins d’exploitation forestière, le roi Sobhuza II a déplacé les familles des terres où elles vivaient. Elles ont été réinstallées sur les terrains dont elles ont été expulsées le 9 avril 2018.

En 1999, une entreprise agricole privée a acheté les terrains à Usuthu Pulp Ltd. À la suite de cette acquisition, les familles ont poursuivi l’entreprise en justice et plaidé pour la reconnaissance de leurs droits sur ces terrains, faisant valoir qu’elles y habitaient depuis 1957. La Haute Cour a statué en faveur des familles.

L’entreprise agricole privée a fait appel auprès de la Cour suprême en 2013, et la Cour a statué que la prescription acquisitive ne s’appliquait pas et que les familles devaient quitter les lieux dans un délai de 21 jours. Les familles ont sollicité l’aide de la Commission des droits humains du Swaziland et la Commission a demandé que l’application de la décision de la Cour suprême soit différée.

L’expulsion a eu lieu en application d’une décision, rendue par la Haute Cour en juillet 2017, ordonnant la démolition de toute structure construite par les habitants concernés. Les normes internationales relatives aux droits humains imposent de suivre une procédure en bonne et due forme, même lorsque les expulsions sont considérées comme justifiées. Nul ne doit se retrouver sans domicile, ni exposé à d’autres violations des droits humains, à la suite d’une expulsion.

Scelo « Max » Dlamini (32 ans), membre d’une des familles touchées, a été victime d’un homicide doublé d’un vol le 16 mai au petit matin, alors qu’il rentrait au kraal (résidence traditionnelle des chefs) où il était hébergé depuis l’expulsion forcée. Ses proches pensent qu’il a été tué alors qu’il prenait un raccourci depuis la zone agricole d’Emphetseni, près de son ancien domicile, ce qui, selon eux, ne serait pas arrivé s’ils vivaient encore chez eux.

Le Swaziland procède depuis longtemps à des expulsions forcées, dont Amnesty International a fait état de manière étayée.

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