Le 26 juillet 2023, le président Mohamed Bazoum a été chassé du pouvoir à la suite d’un coup d’État fomenté par sa Garde présidentielle. Les militaires à l’origine de ce coup d’État ont annoncé la création du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) le 26 juillet 2023, dans une déclaration à la télévision nationale qui justifiait la prise de pouvoir par « la dégradation continue de la situation sécuritaire et la mauvaise gouvernance économique et sociale » du régime déchu. Le 28 juillet 2023, le chef de la Garde présidentielle, Abdourahamane Tiani, s’est proclamé président du pays.
Depuis le coup d’État militaire de 2023, au lieu de s’engager sur la voie du respect des droits humains et de l’état de droit, la junte resserre son étau sur l’opposition, la société civile et les médias indépendants. Les libertés, notamment le droit à la liberté d’expression, sont sévèrement restreintes au Niger. Les autorités ont menacé, harcelé et arrêté arbitrairement des défenseur·e·s des droits humains et des journalistes, dont beaucoup – comme Moussa Tchangari – confient s’autocensurer par crainte des représailles.
Depuis les années 1990, Moussa Tchangari est connu comme militant et défenseur des droits, œuvrant pour la promotion des droits fondamentaux et de l’état de droit au Niger. Il avait été détenu en raison de son travail en faveur des droits humains par le passé, à différentes occasions, notamment en mai 2015 et en 2018. Quelques jours avant son arrestation arbitraire le 3 décembre 2024, il avait fait part de son inquiétude à un collègue, pesant soigneusement ses mots et ses actes pour pouvoir continuer de défendre les droits, malgré le risque constant d’arrestation. Il avait aussi exprimé sa préoccupation quant aux risques d’arrestation et de détention arbitraire qui guettent de nombreux Nigérien·ne·s, en particulier ceux qui, comme lui, critiquent publiquement les autorités militaires.
Les charges retenues contre Moussa Tchangari, notamment l’apologie du terrorisme et l’association de malfaiteurs en relation avec le terrorisme, font partie de la longue liste d’infractions susceptibles d’entraîner la déchéance de la nationalité d’un citoyen avant même sa condamnation, conformément à l’ordonnance d’août 2024 portant création de la base de données sur le terrorisme.