Écrire Un employé d’une ONG taïwanaise arrêté pour subversion

Lee Ming-cheh, le premier employé étranger d’une organisation non gouvernementale (ONG) détenu à la suite de l’entrée en vigueur de la Loi relative à la gestion des ONG étrangères, a été arrêté officiellement pour « subversion du pouvoir de l’État ». Détenu au secret, il risque de subir des actes de torture ou d’autres mauvais traitements.

Selon une annonce faite le 26 mai 2017, Lee Ming-cheh a été arrêté officiellement par la Sûreté de l’État dans la province du Hunan (sud de la Chine) pour « subversion du pouvoir de l’État ». An Fengshan, porte-parole du bureau du Conseil des affaires d’État chargé de Taïwan, n’a pas indiqué où se trouvait Lee Ming-cheh mais il a confirmé que cet homme avait été arrêté par la Sûreté de l’État à son arrivée sur le territoire chinois, le 19 mars 2017.

Il a également déclaré que l’enquête menée par la Sûreté de l’État avait permis d’établir que Lee Ming-cheh s’était rendu en Chine à plusieurs reprises depuis 2012 et avait « pactisé avec certaines personnes sur le continent, ce qui lui [avait] permis d’élaborer un programme opérationnel, de créer une organisation illégale et de planifier et mettre en œuvre des activités visant à subvertir le pouvoir de l’État ». Il a ajouté que Lee Ming-cheh et d’autres personnes, sans toutefois préciser de qui il s’agissait, avaient admis s’être « engagés dans des activités portant atteinte à la sécurité nationale ».

Ce n’est que la deuxième fois que les autorités chinoises communiquent officiellement des informations sur la situation de Lee Ming-cheh depuis son arrestation, en mars. La détention de cet homme a été confirmée officiellement pour la première fois le 29 mars 2017, soit 10 jours après sa disparition, par Ma Xiaoguang, porte-parole du bureau du Conseil des affaires d’État chargé de Taïwan. Lors d’une conférence de presse, Ma Xianguang a déclaré que Lee Ming-cheh faisait l’objet d’une information judiciaire pour « participation à des activités portant atteinte à la sécurité nationale ».

Directeur de Wenshan Community College, une ONG de Taipei, Lee Ming-cheh soutient des organisations de la société civile et des militants depuis de nombreuses années en Chine. Cependant, il s’y rendait cette fois pour des raisons personnelles car il devait effectuer des démarches afin que sa belle-mère bénéficie d’un traitement médical.

Lee Ming-cheh est le premier employé d’une ONG étrangère à être détenu en vertu de la Loi relative à la gestion des ONG étrangères, qui est entrée en vigueur le 1er janvier 2017.

Lee Ming-cheh a été porté disparu le 19 mars 2017, après avoir passé le poste-frontière de Gongbei, entre Macao et Zhuhai (province du Guangdong, sud de la Chine). N’ayant pas de ses nouvelles pendant plusieurs jours, sa femme a sollicité l’aide du Bureau économique et culturel de Taipei à Macao, qui n’a été en mesure que de lui confirmer qu’il avait quitté Macao. Outre la Straits Exchange Foundation, le Conseil des affaires continentales de Taïwan est intervenu et a pu confirmer que Lee Ming-cheh était entré en Chine le 19 mars 2017 à 23 h 51 mais n’a trouvé aucune trace ultérieure d’enregistrement dans un hôtel ou d’arrestation officielle.

La femme de Lee Ming-cheh, Lee Ching-yu, a demandé à plusieurs reprises aux autorités chinoises de révéler où se trouve son mari mais elle n’a reçu aucune réponse à ce jour. Le 27 mars 2017 à une heure tardive, elle a appris indirectement par un fonctionnaire taïwanais que Lee Ming-cheh était détenu par des agents de la Sûreté de l’État. Elle s’est rendue aux États-Unis du 16 au 18 mai afin d’inciter le Congrès et l’État fédéral à appeler à la libération de son mari.

La Loi relative à la gestion des ONG étrangères a créé des obstacles supplémentaires qui entravent les droits aux libertés d’association, de réunion pacifique et d’expression, déjà limités. Officiellement censée réglementer et même protéger les activités des ONG étrangères, elle a transféré au ministère de la Sécurité publique – chargé du maintien de l’ordre – la responsabilité de superviser l’enregistrement de ces ONG ainsi que de surveiller leur fonctionnement et d’approuver leurs activités en amont. La grande liberté laissée à la police dans la supervision et la gestion du travail des ONG étrangères a accru le risque d’utilisation abusive de la loi dans le but d’intimider et de poursuivre en justice des défenseurs des droits humains et des employés d’ONG.

Pendant la période de consultation, Amnesty International a présenté à l’État chinois un document dans lequel elle l’exhortait à retirer le projet de loi ou à le modifier sur le fond de manière à ce qu’il soit compatible avec le droit international relatif aux droits humains et les normes connexes (voir https://www.amnesty.org/en/documents/asa17/1776/2015/en/).

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