De février à mai 2018, au moins 33 personnes ont été portées disparues à Nuevo Laredo, dans le nord du Mexique. Les autorités ont perdu un temps précieux dans le cadre des enquêtes, et les familles des personnes disparues ne bénéficient pas d’une protection adaptée.
Au moins 33 affaires de disparition à Nuevo Laredo, dans l’État du Tamaulipas (nord du Mexique), ont été signalées à la Commission nationale des droits humains depuis février 2018. Treize corps ont été retrouvés à ce jour, pour la plupart par des membres de la famille des victimes. En mai, le Bureau du haut-commissaire aux droits de l’homme (ONU) a lancé une série d’alertes sur ces affaires. Certains témoignages et documents audiovisuels recueillis durant ces événements semblent indiquer que la marine mexicaine a pu être impliquée dans plusieurs disparitions.
Des proches et des témoins ont été menacés après avoir signalé des cas aux autorités ou rendu leurs requêtes publiques. Ils sont nombreux à avoir exprimé leurs craintes ainsi que leur besoin de protection de la part de l’État. La marine mexicaine est par ailleurs revenue sur sa promesse initiale de leur ouvrir les portes de ses bases afin qu’ils puissent rechercher les disparus. Certains membres des familles concernées ont dit avoir été victimes de harcèlement ou d’actes d’intimidation après avoir demandé des renseignements auprès de sites de la marine nationale. Le Comité des Droits humains de Nuevo Laredo, l’organisation non gouvernementale locale qui les épaule, est constamment attaqué sur les réseaux sociaux et accusé de « soutenir des criminels ». Le 6 juin, à la suite d’une réunion avec des dizaines de proches des disparus, les autorités fédérales se sont engagées à adopter une série de mesures, visant notamment à accélérer les recherches, à garantir que les enquêtes seront menées dans les meilleurs délais et à veiller à la protection de ces personnes.
Des proches d’Angel (14 ans), José Daniel Trejo García (41 ans), Jorge Antonio Hernández Dominguez (18 ans), et José Luis Bautista Carrillo (32 ans) ont dit à Amnesty International que le parquet fédéral n’avait pas encore mené d’investigations approfondies ou avancé dans le cadre de l’enquête sur leurs disparitions, qui ont eu lieu entre mars et mai. Par ailleurs, les membres de la famille de José Eugenio Hernández Romero (14 ans), qui a disparu le soir du 23 avril et dont le corps sans vie a été retrouvé quelques jours plus tard, n’ont toujours pas accès au dossier de l’enquête sur sa mort, bien qu’ils aient le droit de le consulter. Dans tous ces cas, des témoins ont dit avoir vu des marines emmener ces hommes et ces adolescents dans leurs véhicules.