Saiful Mahdi, assistant en statistiques, a été reconnu coupable de diffamation pour avoir envoyé à un groupe restreint de discussion sur WhatsApp un message critiquant un processus de recrutement à l’université Syiah Kuala, à Banda Aceh ; son message allait dans le sens d’une amélioration du système de recrutement à l’avenir.
Signalé à la police par le doyen de la faculté d’ingénierie, Saiful Mahdi a été condamné à trois mois d’emprisonnement et à une amende de 10 millions de roupies (60 euros environ), en vertu de l’article 27(3) de la Loi relative à l’information et aux transactions électroniques, le 21 avril 2020. Le 2 septembre 2021, après le rejet de son pourvoi en cassation par la Cour suprême indonésienne, il a été escorté en détention par des magistrats du parquet afin de purger sa peine d’emprisonnement.
Après des mois de mobilisation nationale et internationale, le président indonésien a signé le décret accordant la grâce à Saiful Mahdi le 12 octobre 2021, et celui-ci a été libéré de la prison de Banda Aceh le lendemain. Cette amnistie est fondée sur la Loi indonésienne relative à l’état d’urgence n° 11/1954, ce qui signifie que toutes les charges retenues contre Saiful Mahdi sont abandonnées et qu’il est innocenté de toutes les accusations. L’amende de 10 millions de roupies indonésiennes dont il a dû s’acquitter lui sera également remboursée.
Emprisonné uniquement pour avoir exprimé pacifiquement son opinion, Saiful Mahdi n’aurait jamais dû passer un seul jour derrière les barreaux. Lors de sa libération, son épouse Dian Rubiyanti a déclaré que la même mesure d’amnistie aurait dû être accordée à d’autres personnes sanctionnées au titre de la Loi relative à l’information et aux transactions électroniques. Saiful Mahdi a remercié la coalition d’organisations de la société civile et de particuliers qui se sont mobilisés pour lui depuis qu’il a été dénoncé à la police en avril 2020.
Son cas souligne à quel point il importe de réviser la Loi relative à l’information et aux transactions électroniques, qui érige en infraction la liberté de parole et d’expression. D’après les études d’Amnesty International Indonésie, le nombre de personnes condamnées en vertu d’articles de cette loi augmente chaque année. Si l’on se réfère à ces chiffres, en 2019, 24 affaires pénales se fondaient sur la Loi relative à l’information et aux transactions électroniques. Ce chiffre est passé à 84 cas en 2020. Au cours des quatre premiers mois de l’année 2021, il atteignait déjà 18 cas.