La Turquie est partie à la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés et à son Protocole de 1967. Cependant, elle conserve une réserve géographique quant à sa ratification de la Convention, de sorte que seuls les citoyens des États membres du Conseil de l’Europe sont autorisés à demander le statut de réfugié. Les personnes qui ne remplissent pas les conditions requises pour obtenir ce statut en Turquie peuvent demander le statut de réfugié conditionnel ou une protection subsidiaire en vertu de la Loi de 2013 sur les étrangers et la protection internationale. Le statut de réfugié conditionnel, créé pour les personnes originaires d’États « non-européens », accorde des droits plus restrictifs qu’aux détenteurs du statut de réfugié.
Force est de constater que les autorités érythréennes considèrent l’acte de demander l’asile à l’étranger comme une preuve de trahison, et comme un motif d’arrêter toute personne renvoyée de force en Érythrée. La dureté des conditions dans les prisons érythréennes équivaut à un traitement cruel, inhumain ou dégradant.
Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a noté que les Érythréens renvoyés de force peuvent, selon plusieurs informations, faire l’objet d’une arrestation sans inculpation, d’une détention, de mauvais traitements et d’actes de torture, voire être tués aux mains des autorités. Ils seraient détenus au secret, dans des conditions d’entassement et d’insalubrité, avec un accès médiocre à des soins médicaux, parfois pendant de longues périodes ; pour certains Érythréens, le fait d’être à l’étranger peut être une cause suffisante à leur retour pour être soumis à un examen minutieux, à des représailles et à un traitement sévère.
Des personnes peuvent être soupçonnées d’avoir demandé l’asile, participé à des réunions d’opposition au sein de la diaspora ou représenté une menace (réelle ou présumée) pour le gouvernement, en particulier lorsqu’elles ont quitté le pays illégalement.
En 2015, la Commission d’enquête sur les droits humains en Érythrée du Conseil des droits de l’homme de l’ONU a conclu que, sauf exception, ceux qui ont été renvoyés de force au pays ont subi arrestations, détentions, ainsi que mauvais traitements et torture.
D’après un rapport publié en 2016 par Amnesty International, les déserteurs risquent d’être détenus arbitrairement pour une durée prolongée, dans des conditions inhumaines, et de subir des actes de torture et d’autres mauvais traitements. En Érythrée, tous les hommes et femmes âgés de 18 à 40 ans sont forcés d’effectuer leur service national, auquel s’ajoute une période de réserve obligatoire jusqu’à l’âge de 50 ans. La durée de ce service n’est pas limitée, mais la période minimale est de 18 mois, comprenant généralement six mois de service militaire suivis de 12 mois au sein de l’armée ou du gouvernement. Il est néanmoins fréquent que cette période soit prolongée indéfiniment.
Le service national comprend souvent des travaux forcés s’inscrivant dans le cadre de chantiers publics. Les conscrits travaillent sur des chantiers de construction du gouvernement, pour construire des routes notamment, travaillent dans le civil ou pour des entreprises qui appartiennent ou sont gérées par l’armée ou les élites du parti au pouvoir. Ils ne perçoivent que de faibles soldes qui ne leur permettent pas de répondre aux besoins élémentaires de leurs familles.
Une grande partie de la population adulte d’Érythrée est actuellement engagée dans ce service obligatoire. Le droit à l’objection de conscience n’est pas reconnu et il n’existe aucun service civil de remplacement. Ceux qui se soustraient au service militaire sont généralement punis en étant placés en détention et torturés.