En réponse aux déclarations du porte-parole de la justice iranienne, selon lesquelles deux étudiants universitaires – faisant manifestement référence à Ali Younesi et Amir Hossein Moradi, l’autre étudiant arrêté – étaient en possession d’« engins explosifs » à leur domicile et étaient affiliés à des groupes « contre-révolutionnaires », Aida Younesi, la sœur d’Ali Younesi, a déclaré publiquement le 5 mai 2020 qu’« après 26 jours de détention pendant lesquels on ignore quelles horreurs vous avez infligées à mon frère [Ali], vous arrivez et vous portez ces accusations ridicules ».
En réaction à l’accusation du porte-parole, à savoir que des « engins explosifs » ont été découverts à leur domicile, Aida Younesi a ajouté que des responsables des services de sécurité leur ont assuré qu’ils n’avaient rien trouvé de suspect après avoir fouillé le domicile d’Ali Younesi. En outre, les jours qui ont suivi l’arrestation d’Ali Younesi, sa famille s’est entendue dire régulièrement qu’il allait bientôt être libéré. Le porte-parole de la justice avait aussi, sans plus d’arguments, tenté de lier ces arrestations à la pandémie de COVID-19 en affirmant : « Dans cette situation de coronavirus, c’est le complot de l’ennemi désireux de créer le chaos dans le pays. »
Ali Younesi et Amir Hossein Moradi sont des étudiants primés de l’Université de technologie de Sharif à Téhéran. Ali Younesi est lauréat de la médaille d’or et d’argent de l’Olympiade nationale d’astronomie en Iran et a remporté la médaille d’or 2018 de l’Olympiade internationale d’astronomie et d’astrophysique qui s’est déroulée en Chine. Amir Hossein Moradi a remporté la médaille d’argent de l’Olympiade nationale d’astronomie en Iran.
Les autorités iraniennes ont coutume de cibler des membres de la famille de personnes entretenant des liens réels ou présumés avec l’OIMP.
Après les émeutes qui ont éclaté au lendemain des élections de juin 2009 en Iran, les autorités ont notamment arrêté des personnes dont des proches entretenaient des liens présents ou passés avec des groupes d’opposition, notamment l’OIMP. Pour obtenir plus d’informations, veuillez consulter le document intitulé From Protest to Prison. Parmi les personnes arrêtées en 2009 figure la prisonnière d’opinion Maryam Akbari Monfared, qui purge une peine de 15 ans de prison à la suite d’une ingérence arbitraire dans sa vie privée, au sein de sa famille et dans sa correspondance, motivée par le fait qu’elle avait téléphoné et rendu visite une fois à des proches qui étaient membres de l’OIMP (cliquez ici pour obtenir plus d’informations).
Depuis que l’épidémie de coronavirus (COVID-19) en Iran a été rendue publique en février 2020, de nombreuses personnes ont fait part de leur inquiétude quant à la santé des détenus et ont réclamé la libération des prisonniers d’opinion et de toutes les personnes maintenues en détention pour des motifs à caractère politique. Les familles de prisonniers ont dit redouter que le manque de produits sanitaires et les conditions de détention déplorables n’accroissent les risques pour les prisonniers.
Les autorités judiciaires ont fait un certain nombre d’annonces sur les mesures qu’elles comptent prendre pour prévenir la propagation du COVID-19 dans les prisons – notamment libérer des prisonniers de manière temporaire et après paiement d’une caution, et accorder des grâces à certaines catégories de prisonniers.
Cependant, des centaines de prisonnières et prisonniers d’opinion sont toujours incarcérés et les autorités continuent d’arrêter des personnes pour des motifs à caractère politique.