La libération de prison d’Israa al Taweel pour raisons médicales est survenue à la suite du tollé suscité par le traitement qui lui a été réservé, après la publication d’une photo montrant cette étudiante de 23 ans en pleurs au tribunal de l’école de police de Tora au Caire, en novembre dernier. L’ancien candidat à la présidentielle Ayman Nour a tweeté « #Israa_AlTaweel, Merci pour ses larmes, pas parce que cela nous fait mal au cœur, mais parce que cela prouve que nous avons encore un cœur, et qu’il souffre. »
Les autorités carcérales égyptiennes empêchaient Israa al Taweel de bénéficier de soins médicaux susceptibles d’empêcher que son handicap ne devienne permanent. Ses proches ont indiqué à Amnesty International qu’en juillet 2015, le médecin de la prison avait diagnostiqué chez la jeune femme une invalidité permanente ne nécessitant aucun traitement. Ils se sont plaints plusieurs fois mais les autorités de la prison ont refusé que l’intéressée reçoive des soins, au motif qu’aucun traitement n’améliorerait son état. Cependant, d’après des rapports médicaux établis par des médecins à l’extérieur de la prison - qu’Amnesty International a consultés - Israa al Taweel souffre d’une « paralysie à la jambe due à une blessure par balle reçue dans le bas du dos, qui a entraîné une rupture du plexus nerveux ». Il y est également marqué que la jeune femme doit suivre un traitement comprenant des séances de physiothérapie, faute de quoi elle risque une « perte significative de force musculaire dans la jambe ».
Le 25 janvier 2014, Israa al Taweel a été blessée par balle dans le bas du dos par les forces de sécurité, lors d’une manifestation organisée pour commémorer le troisième anniversaire du soulèvement de janvier 2011 qui a mis fin au régime d’Hosni Moubarak. La jeune femme est restée dans un fauteuil roulant, incapable de marcher, pendant près d’un an. Son état s’est amélioré grâce à des séances de physiothérapie qui lui ont permis de remarcher avec deux béquilles, puis une seule, et finalement en s’appuyant sur ses proches. Après son arrestation en juin 2015, la jeune femme s’est vu refuser tout traitement, son état s’est dégradé, et elle a demandé à sa famille de lui rapporter ses béquilles.
Israa al Taweel a indiqué à sa famille qu’après son arrestation le 1er juin devant un restaurant du Caire, elle avait eu les yeux bandés pendant 15 jours dans les bureaux de la Sûreté nationale, y compris lorsqu’elle mangeait ou qu’elle allait aux toilettes. Son bandeau lui était retiré uniquement la nuit. Elle a également dit avoir entendu des gens se faire torturer dans les cellules voisines tout au long de ces 15 jours.
Les membres de sa famille ont expliqué à Amnesty International qu’après la disparition forcée de la jeune femme, ils s’étaient rendus dans plusieurs postes de police, y compris ceux d’Al Maadi et de Qasr al Nil, au Caire, pour obtenir des informations à son sujet. Ils sont également allés dans les bureaux des autorités carcérales du Caire. Ces dernières ont affirmé qu’Israa al Taweel ne se trouvait ni dans un poste de police, ni dans une prison, et qu’elles n’avaient aucune trace de ce nom dans leurs dossiers. Le 3 juin, les proches de la jeune femme ont déposé une plainte auprès du procureur général pour disparition forcée. Ils se sont également adressés au département des droits humains dépendant du ministère de l’Intérieur, qui a affirmé qu’Israa al Taweel n’était pas en détention. Ils ont finalement envoyé un courrier au Conseil national des droits humains, mais ils n’ont su où se trouvait la jeune femme qu’au moment du transfert de cette dernière vers la prison d’Al Qanater, le 16 juin. Quelqu’un qui l’avait vue en prison a appelé sa famille pour lui dire où elle se trouvait. Ses proches se sont rendus sur place le 17 juin mais les autorités ont refusé de les laisser entrer, bien qu’elles aient confirmé la présence d’Israa al Taweel. Ils n’ont finalement pu voir la jeune femme qu’une semaine plus tard.