Zhang Yadi, également connue sous le nom de Tara, est arrivée en France en août 2022 pour y faire ses études universitaires. Pendant son séjour dans ce pays, elle s’est engagée activement sur des sujets concernant à la fois la Chine et le reste du monde. En tant que bénévole, elle a participé avec dévouement à diverses initiatives citoyennes.
Avant son arrestation, Tara était rentrée en Chine depuis peu à l’issue de ses études universitaires à Paris. Elle avait obtenu une bourse pour faire un master d’anthropologie à l’École des études orientales et africaines (SOAS) de l’Université de Londres à partir de septembre 2025. Selon certaines sources, elle est actuellement détenue au secret au centre de détention du bureau de la Sûreté de l’État de Changsha. Elle a eu 22 ans en juillet. Elle a un compagnon franco-tibétain et un chat, qui vivent tous deux en France et attendent son retour.
Le fait que l’engagement bénévole et pacifique de Tara ait été retenu comme preuve d’activité illégale et l’utilisation d’accusations définies en termes vagues telles que le « séparatisme » et l’« incitation au séparatisme » sont extrêmement préoccupants. Il ne s’agit pas d’un cas isolé. Sa situation s’inscrit dans un ensemble plus large de violations systématiques à l’encontre des personnes qui défendent les droits humains, aussi bien en Chine qu’à l’étranger. Amnesty International a présenté de nombreux cas similaires dans un rapport publié en 2024, intitulé « Sur mon campus, j’ai peur », qui expose de façon détaillée comment les autorités chinoises harcèlent et ciblent systématiquement les jeunes qui étudient à l’étranger et leurs familles.
Le gouvernement chinois a reconnu que les échanges universitaires internationaux contribuent au développement socioéconomique de la Chine. Néanmoins, beaucoup d’étudiant·e·s étrangers originaires de Chine vivent et étudient dans la crainte permanente d’être ciblés au titre des lois et règlements nationaux de la Chine et de Hong Kong relatifs à la sécurité nationale et au renseignement, ou d’être soumis à des actes de surveillance, de harcèlement ou d’intimidation mandatés par les autorités chinoises ou leurs agent·e·s, en lien avec l’exercice de leurs droits humains.
Les mesures des autorités chinoises visant à entraver la liberté académique et d’autres droits en dehors des frontières de la Chine font partie d’un phénomène de plus en plus souvent nommé « répression transnationale », ce qui fait référence aux actes des autorités chinoises ayant pour but de faire taire, de contrôler ou de dissuader la dissidence et la critique exprimées par des étudiant·e·s chinois à l’étranger et d’autres personnes, portant ainsi atteinte à leurs droits humains.
Ces dernières années, bon nombre de ces jeunes qui étudient à l’étranger ont participé à la critique publique du gouvernement chinois, notamment lors d’activités de solidarité internationale pour l’anniversaire de la répression à Tiananmen en 1989, lors des manifestations prodémocratie à Hong Kong en 2019 et pendant les manifestations dites « du pont Sitong » et « des feuilles blanches » en 2022 en Chine continentale.
Leur participation a attiré l’attention des autorités chinoises et, souvent, des répercussions de leur part, telles que le harcèlement et l’intimidation en Chine des familles de ces étudiant·e·s, ainsi que la surveillance d’État des activités étudiantes à l’étranger et la censure de leurs propos en ligne.