Écrire L’exécution de Kho Jabing fixée au 20 mai

L’exécution de Kho Jabing a été fixée au 20 mai. La cour d’appel de Singapour a rejeté le recours de Kho Jabing le 5 avril et a confirmé sa condamnation à mort.
La famille du ressortissant malaisien Kho Jabing a été informée que son exécution a été fixée au 20 mai à Singapour et a été invitée à lui rendre une dernière visite. Le 5 avril, la cour d’appel de Singapour a rejeté à l’unanimité le recours formé par Kho Jabing, ressortissant malaisien âgé de 31 ans, et a levé le sursis temporaire qu’elle lui avait accordé le 5 novembre 2015.

Le 30 juillet 2010, Kho Jabing et un coaccusé ont été déclarés coupables de meurtre. Au moment de sa condamnation, la peine de mort était automatique pour les condamnations pour meurtre. Le 24 mai 2011, la cour d’appel a requalifié les faits reprochés à son coaccusé en « vol avec violences », mais a confirmé la déclaration de culpabilité de Kho Jabing et sa condamnation à mort automatique pour meurtre. En 2012, les lois singapouriennes prévoyant l’application automatique de la peine de mort ont été révisées, et une marge d’appréciation est désormais laissée pour les affaires de trafic de stupéfiants et de meurtre.

Pour les affaires de meurtre, le caractère automatique de la peine de mort est maintenu uniquement lorsqu’il s’agit d’un homicide « volontaire ». Dans les autres cas, les juges peuvent décider de prononcer soit une condamnation à mort, soit une peine de prison à perpétuité avec fustigation. À la suite de ces modifications, la condamnation de Kho Jabing a été commuée en peine de prison à perpétuité assortie de 24 coups de badine. Cette condamnation a cependant fait l’objet d’un recours par l’accusation et le 14 janvier 2015, la cour d’appel a choisi à trois voix contre deux de condamner de nouveau Kho Jabing à la peine capitale.

Le 18 juillet 2014, Singapour a procédé à ses deux premières exécutions depuis 2012. Deux hommes ont alors été pendus après avoir été reconnus coupables de trafic de stupéfiants et condamnés automatiquement à la peine de mort. En les mettant à mort, Singapour a mis fin à un moratoire sur la peine de mort décrété en juillet 2012 pour permettre au Parlement de réexaminer les lois imposant la peine capitale comme châtiment obligatoire. Depuis, les autorités singapouriennes ont exécuté au moins quatre autres personnes, dont trois pour trafic de stupéfiants. Au moins cinq nouvelles condamnations à mort ont été prononcées de manière automatique en 2015, dont quatre pour trafic de stupéfiants et une pour meurtre. À la fin de l’année, au moins 23 prisonniers étaient toujours sous le coup d’une peine capitale.

Depuis l’adoption des modifications de 2012 à la Loi relative à l’usage illicite de stupéfiants et au Code pénal, le 14 novembre 2014, les tribunaux de Singapour ont la possibilité de ne pas imposer la peine de mort dans certains cas. Les personnes accusées d’homicide peuvent maintenant échapper à la peine capitale si elles sont inculpées au titre des articles 300(b) et 300(c) du Code pénal, et parviennent à prouver qu’elles n’avaient pas l’intention de donner la mort. À la suite de ces modifications, la cour d’appel de Singapour a dû réfléchir dans le cas de Kho Jabing à la façon de déterminer quel châtiment imposer dans une affaire de meurtre pour laquelle la peine de mort ou bien la réclusion à perpétuité avec fustigation peuvent être prononcées. Le panel de cinq juges a établi à l’unanimité que la peine de mort doit être imposée lorsque la manière dont l’auteur a perpétré le meurtre « dénote de la cruauté ou d’un mépris flagrant pour la vie humaine. » Si les cinq juges ont admis que les éléments de preuve disponibles dans le dossier de Kho Jabing ne permettaient pas une reconstitution précise du meurtre, ils sont arrivés à des conclusions différentes lorsqu’il s’est agi de déterminer s’il était possible de prouver au-delà d’un doute raisonnable qu’il avait porté plus de deux coups à la tête de la victime, auquel cas il aurait fait preuve d’un « mépris flagrant pour le caractère sacré de la vie humaine ». Trois juges ont estimé que les actes de Kho Jabing méritaient d’être punis par la peine de mort, tandis que les deux autres ont affirmé que les éléments disponibles ne permettaient pas de prouver qu’il avait frappé la victime plus de deux fois. La peine de mort a donc de nouveau été prononcée à seulement trois voix contre deux.

Le recours formé à l’approche de la date prévue pour l’exécution de Kho Jabing, le 5 novembre 2015, a été rejeté le 5 avril 2016. Tout en confirmant sa condamnation à mort à l’unanimité, la cour d’appel a estimé qu’un désaccord entre les juges ne constituait pas un motif de réexamen d’une décision et qu’une simple majorité suffisait, y compris dans les cas où l’accusé encourt la peine capitale. Par ailleurs, elle a établi de nouvelles règles limitant les raisons pour lesquelles des recours peuvent être formés en vue d’un réexamen d’une décision finale dans les affaires pénales à la présentation de nouveaux éléments ou arguments juridiques, qui doivent être « fiables, sérieux et extrêmement probants », ainsi que dans les cas où une erreur judiciaire a été commise, « s’il existe une forte probabilité que la décision concernée soit mauvaise » et s’il est possible de démontrer qu’une décision du tribunal a été influencée par « une fraude ou une entorse aux principes de bonne justice ». Elle a en outre proposé que le Parlement examine ces nouvelles règles en vue de réglementer davantage les recours formés après une condamnation.
L’application obligatoire de la peine de mort est contraire au droit international. Le Comité des droits de l’homme des Nations unies a indiqué que « la condamnation automatique et obligatoire à la peine de mort constitue une privation arbitraire de la vie, en violation du paragraphe 1 de l’article 6 du Pacte [international relatif aux droits civils et politiques], dans des circonstances où la peine capitale est prononcée sans qu’il soit possible de prendre en considération la situation personnelle de l’accusé ou les circonstances ayant entouré le crime en question ».

Amnesty International estime que la peine de mort constitue le châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit, ainsi qu’une violation du droit à la vie, inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Amnesty International soutient les appels, figurant notamment dans cinq résolutions adoptées par l’Assemblée générale des Nations unies depuis 2007, en faveur de la mise en place d’un moratoire sur les exécutions en vue de l’abolition de la peine capitale. À ce jour, 140 pays ont aboli la peine capitale en droit ou en pratique. Dans la région Asie-Pacifique, 18 États ont aboli la peine capitale pour tous les crimes et 10 autres sont abolitionnistes dans la pratique.

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