Des soldats ougandais procèdent à des expulsions forcées dans la zone d’Apaa (nord de l’Ouganda) depuis le 15 mars. Jusqu’ici, plus de 250 habitations ont été incendiées et détruites, et des centaines de personnes, y compris des enfants, se sont retrouvées sans abri. Les autorités ont procédé à ces expulsions en violation de la Constitution et du droit international relatif aux droits humains.
Depuis le 15 mars, des centaines d’habitants des villages d’Oyanga, Luru, Acholi Ber et Gaji, dans la zone d’Apaa (nord de l’Ouganda), sont sans abri, des membres des Uganda People’s Defence Forces (UPDF, Forces de défense populaire de l’Ouganda) les ayant expulsés de force. En conséquence, des centaines de personnes, y compris des enfants, doivent dormir dans la brousse en pleine saison des pluies. Les dernières expulsions forcées ont eu lieu le 11 mai. Jusqu’ici, les soldats ont incendié plus de 250 habitations ; ils ont également détruit des biens et frappé des villageois.
Selon les informations recueillies auprès de villageois touchés, des soldats armés les ont roués de coups, ont brûlé leur nourriture et leurs récoltes et les ont menacés de nouvelles violences pour les intimider et les convaincre de partir de chez eux.
Selon les médias, les expulsions forcées ont lieu à la demande de l’Uganda Wildlife Authority (service ougandais chargé de la gestion de la faune sauvage) et de la National Forestry Authority (Office national des forêts), qui affirment que les villageois occupent la réserve forestière de Zoka et la réserve de chasse d’East Madi.
Ces expulsions forcées vont à l’encontre d’une injonction, émise par la Haute Cour de Gulu en février 2018, ordonnant l’arrêt de toute expulsion jusqu’à ce qu’une plainte déposée par certains villageois au sujet du litige frontalier ait été examinée et une décision rendue. Les expulsions ont été menées au mépris des garanties prévues par le droit international relatif aux droits humains. De plus, l’Ouganda étant partie à la Convention de l’Union africaine sur la protection et l’assistance aux personnes déplacées en Afrique (Convention de Kampala), les autorités ougandaises doivent s’abstenir de pratiquer, interdire et prévenir le déplacement arbitraire des populations, et apporter protection et assistance humanitaire aux personnes déplacées, au sein de leur territoire ou de leur juridiction, sans discrimination aucune.