Un peu plus d’un an après que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a décrété l’état d’urgence sanitaire mondial, le Brésil continue de battre des records en termes de mortalité. Dans le pays, plus de 600 000 personnes ont perdu la vie du fait du COVID-19 et de la gestion désastreuse des autorités publiques s’agissant de lutter contre la pandémie, un chiffre qui devrait encore augmenter au cours des semaines à venir. Outre les effets pervers engendrés par les discours de déni et l’accent mis sur les « traitements précoces », l’effondrement du système de santé et les divers obstacles à la vaccination massive attestent de l’implication et de la responsabilité des autorités publiques dans les souffrances endurées par la population – qui s’aggravent.
Ce scénario est d’autant plus grave dans un pays comme le Brésil, marqué par de profondes inégalités, les attaques systématiques contre les services publics et l’ensemble des droits garantis par la Constitution. La pandémie touche de manière disproportionnée les groupes historiquement victimes de discriminations, qui en plus de subir des violations de leurs droits à la vie et à la santé, sont touchés de plein fouet par la précarité croissante de leurs moyens et conditions d’existence. La crise sanitaire à laquelle le monde fait face est avant tout une crise des droits humains. Il incombe à l’État de prendre des mesures efficaces afin que ces droits soient garantis pour toute la population de manière intégrale et équitable, mais il a délibérément négligé cette obligation.
En réaction aux actions et omissions de l’administration publique dans la gestion désastreuse de la pandémie, le Sénat fédéral a mis sur pied fin avril la Commission d’enquête parlementaire sur le COVID-19. Cette Commission, bien qu’elle ne dispose pas de pouvoirs judiciaires, a produit un rapport final indiquant au procureur général quels crimes ont possiblement été commis et qui devrait en être tenu pour responsable. Aujourd’hui, le procureur général, Augusto Aras, dispose d’un délai de 30 jours pour décider d’ouvrir ou non une enquête.