Le 26 mars, plus de 4 000 habitants d’Otodo-Gbame, un quartier de Lagos (Nigeria) situé au bord de l’eau, ont été expulsés de force de leur logement par des représentants de l’État de Lagos. Aucun préavis ne leur a été communiqué. La police a eu recours à une force excessive, faisant plusieurs blessés.
Le 26 mars, l’équipe spéciale constituée par différentes entités de l’État de Lagos a expulsé de force des milliers d’habitants d’Otodo-Gbame, un quartier de Lagos (Nigeria) situé au bord de l’eau. C’était la troisième fois que des personnes vivant dans ce secteur étaient expulsées de force : l’État de Lagos avait déjà chassé de leur logement plus de 30 000 habitants les 9 et 10 novembre 2016 et d’autres le 17 mars 2017. Après les expulsions de novembre 2016, les personnes concernées avaient reconstruit leurs habitations.
Sans préavis, l’équipe spéciale et des policiers armés sont arrivés à Otodo-Gbame vers 8 heures du matin avec un bulldozer. Les habitants ont formé des chaînes humaines pour protéger les logements. Les policiers ont alors utilisé du gaz lacrymogène et tiré en l’air, forçant les habitants à fuir. Ils leur ont asséné des coups de crosse, faisant plusieurs blessés. En outre, une femme a été blessée par une grenade lacrymogène. L’équipe spéciale a détruit quelques-uns des logements restants. Pourtant, une décision de justice rendue le 26 janvier par la haute cour de l’État de Lagos interdit toute nouvelle démolition à Otodo-Gbame. Cinq femmes et trois hommes, dont un de plus de 70 ans incapable de marcher du fait des coups qu’il avait reçus, ont été arrêtés pendant l’opération. Ces huit personnes ont été libérées au bout d’une dizaine d’heures.
Depuis 2000, plus de deux millions d’habitants de quartiers informels et de quartiers situés au bord de l’eau ont été expulsés de force de leur logement dans tout l’État de Lagos.
Amnesty International est profondément préoccupée par la poursuite des expulsions forcées à Otodo-Gbame car ces opérations ont déjà fait des milliers de sans-abri, qui se trouvent ainsi exposés à d’autres violations des droits humains.