En mars 2012, Mohamed al Qahtani et Abdullah al Hamid, fondateurs de l’Association saoudienne des droits civils et politiques (ACPRA), créée en 2009, ont été interrogés au sujet de leur travail en faveur des droits fondamentaux. En mars 2013, ils ont été condamnés respectivement à des peines de 10 et 11 ans de réclusion.
Abdullah al Hamid a eu une crise cardiaque le 9 avril 2020, mais il a été maintenu en détention alors qu’il était dans le coma et en soins intensifs à l’hôpital al Shumaisi, à Riyad. Il est par la suite décédé le 24 avril 2021.
Mohammed al Bajadi, l’un des 11 membres fondateurs de l’ACPRA, a été arrêté en mars 2011 et traduit devant le tristement célèbre Tribunal pénal spécial pour avoir participé à une manifestation pacifique devant le ministère de l’Intérieur à Riyadh.
En avril 2012, il a été condamné à quatre ans de prison suivis d’une interdiction de voyager pendant cinq ans, sur la base de divers chefs d’accusation liés à son militantisme pacifique en faveur des droits humains. Après avoir été libéré puis de nouveau arrêté à de multiples reprises, Mohammed al Bajadi a été placé en détention en mai 2018 et demeure incarcéré sans inculpation ni jugement.
Les membres de l’ACPRA aujourd’hui dissoute sont dans le collimateur des autorités saoudiennes depuis 10 ans. L’ACPRA signalait des atteintes aux droits humains et aidait des familles de personnes détenues sans inculpation à se retourner contre le ministère de l’Intérieur devant le Tribunal des plaintes, une juridiction administrative chargée d’examiner les plaintes déposées contre l’État et les services publics.
Au 31 janvier 2025, Amnesty International avait rassemblé des informations sur les cas de 85 personnes poursuivies depuis 2013 pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique, parmi lesquelles des défenseur·e·s des droits humains, des militant·e·s politiques pacifiques, des journalistes, des poètes et des dignitaires religieux, en Arabie saoudite. Le nombre réel des procédures engagées à ce titre est probablement beaucoup plus élevé.
Amnesty International a constaté l’utilisation des interdictions de voyager contre des militant·e·s et des défenseur·e·s des droits humains une fois libérés de prison. Des interdictions de voyager arbitraires sont parfois imposées sans décision de justice, et les personnes visées ne l’apprennent que lorsqu’elles tentent de se rendre à l’étranger et qu’elles sont refoulées dans les aéroports ou aux postes-frontières. Ces interdictions affectent également les familles des militant·e·s saoudiens, qui vivent parfois à l’étranger, puisqu’elles les empêchent de se réunir.