Moujib al Mikhlafi est un spécialiste de l’éducation et un formateur qui travaillait au ministère de l’Éducation à Sanaa depuis 24 ans lorsqu’il a été arrêté le 10 octobre 2023. Il animait notamment des formations à destination du personnel éducatif sur les droits de l’enfant, la consolidation de la paix et la résolution de conflits, le dialogue et la communication non violente.
À la suite de son arrestation, sa famille a déposé un recours auprès du chef du Conseil politique suprême et du chef des services de sécurité et de renseignement, ainsi qu’une plainte auprès du chef du département juridique du bureau du dirigeant houthi Abdul Malik al Houthi. Elle n’a reçu aucune réponse à ce jour. La détention arbitraire constitue une violation du Code de procédure pénale du Yémen et du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), auquel le Yémen est partie.
Sa famille s’inquiète encore plus pour son état de santé depuis qu’elle a appris, au mois de mars 2024, qu’il se détériorait. Moujib al Mikhlafi souffre de problèmes de santé antérieurs à son arrestation, notamment de diabète et d’hypertension. D’après les recherches effectuées par Amnesty International, les personnes détenues dans les centres gérés par les services de sécurité et de renseignement houthis subissent souvent des conditions horribles et punitives, et n’ont pas accès à des soins de santé adéquats.
Le 10 juin 2024, les services houthis de sécurité et de renseignement ont annoncé la « découverte » de ce qu’ils ont appelé « un réseau d’espionnage ». Depuis, ils ont diffusé une série de vidéos sur la chaîne de télévision Al Masirah, affiliée aux Houthis, mettant en scène les « aveux » d’espionnage de plusieurs détenus. Moujib al Mikhlafi est apparu dans l’une de ces vidéos, rendue publique le 1er septembre et intitulée « Les États-Unis ciblent l’éducation au Yémen ».
Depuis 2015, Amnesty International a recueilli des informations sur des dizaines de cas concernant des journalistes, des défenseur·e·s des droits humains, des opposant·e·s politiques et des membres de minorités religieuses qui ont fait l’objet de procès inéquitables devant le Tribunal pénal spécial de Sanaa sur la base de fausses accusations d’espionnage, infraction obligatoirement sanctionnée par la peine de mort en vertu du droit yéménite. Dans tous ces cas, les autorités houthies chargées des poursuites semblaient avoir porté les accusations d’espionnage dans le but de persécuter les opposant·e·s politiques et de faire taire la dissidence pacifique.