Écrire Il faut libérer les manifestant.es de l’université du Bosphore (Boğaziçi)

Neuf personnes, suivant des études pour la plupart, sont en détention provisoire et 31 autres assignées à résidence en Turquie pour avoir participé à des manifestations pacifiques après la nomination, le 1er janvier 2021, du professeur Melih Bulu au poste de recteur de l’université du Bosphore (Boğaziçi), à Istanbul .

Ces personnes privées de liberté, y compris celles assignées à résidence, uniquement pour avoir exercé leur droit de réunion pacifique doivent être libérées immédiatement et sans condition.

La nomination par le président Erdoğan du professeur Melih Bulu, connu pour ses liens politiques avec le parti au pouvoir, le Parti de la justice et du développement (AKP), en tant que recteur de l’université du Bosphore (Boğaziçi), a suscité de nombreuses protestations de la part des étudiant.es et du personnel enseignant de cette université et d’autres établissements. Des manifestations ont eu lieu dans au moins 38 départements. En réaction, la police a recouru à une force inutile et excessive pour disperser les manifestant.es pacifiques et arrêter des participant.es. Le 21 février, le ministre de l’Intérieur a annoncé qu’il y avait eu 806 arrestations, 11 personnes placées en détention provisoire, dont deux libérées au bout de cinq jours, et 31 personnes assignées à résidence. Des centaines de personnes ont été placées sous contrôle judiciaire, se voyant notamment soumises à des interdictions de voyager et à l’obligation de se présenter régulièrement auprès d’un poste de police.

Le 1er février, le directeur de la communication du président, Fahrettin Altun, a relayé sur les réseaux sociaux la décision prise par le recteur Melih Bulu d’annuler le « statut de candidat » du club LGBTI + de l’université de Boğaziçi. Cette décision a été suivie de la fermeture du club, qui menait des activités depuis plusieurs années, au motif que deux enquêtes pénales concernant prétendument le club LGBTI + avaient été ouvertes. L’une des enquêtes concernait les deux étudiants accusés d’« incitation à la haine et à l’hostilité » en lien avec une œuvre d’art figurant dans une exposition artistique à laquelle le club LGBTI + n’avait pas participé. L’œuvre en question était un montage associant la figure mythique de Shahmaran à une photo du site sacré de la Kaaba et à des drapeaux LGBTI + aux quatre coins de l’image.

L’autre enquête, pour « propagande en faveur d’une organisation terroriste », était fondée sur un livre que la police aurait trouvé dans le bureau du club LGBTI + lors d’une perquisition menée en l’absence de toute personne représentant ce club. Plusieurs responsables de haut niveau, dont le ministre de l’Intérieur, ont fait des commentaires homophobes visant les étudiants LGBTI + alors qu’un grand nombre de messages hostiles à l’œuvre d’art en question étaient publiés sur les réseaux sociaux. Les tweets du ministre de l’Intérieur qualifiant les personnes LGBTI + de « déviants » ont été bloqués à deux reprises par Twitter pour infraction au règlement de ce réseau social.

Des chefs d’inculpation ont été retenus le 26 février à l’encontre de sept étudiants, poursuivis pour « incitation à la haine et à l’hostilité » au titre de l’article 216/1 du Code pénal turc, en lien avec l’exposition artistique sur le campus évoquée ci-dessus. Deux d’entre eux sont les étudiants qui ont été placés en détention provisoire le 30 janvier.

En vertu de la Convention européenne des droits de l’homme, à laquelle la Turquie est partie, ainsi que du droit turc, l’exercice du droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique ne peut faire l’objet de restrictions arbitraires et des personnes ne peuvent être placées en détention uniquement pour avoir exercé ces droits.

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