La Libye est divisée entre deux entités qui se disputent la légitimité, la gouvernance et le contrôle territorial. Le gouvernement d’unité nationale (GUN) contrôle Tripoli et la majeure partie de l’ouest de la Libye, tandis que les Forces armées arabes libyennes (FAAL), un puissant groupe armé, contrôlent de facto l’est et le sud du pays.
Le 20 août 2024, 60 partis politiques libyens ont signé une déclaration exprimant leur inquiétude quant aux cas de détention arbitraire, d’enlèvement et de disparition forcée, et à la campagne de répression visant la société civile et les militant·e·s à travers le pays.
Le 10 juillet, la Chambre des représentants (le Parlement libyen) a approuvé à l’unanimité le budget 2024 du « gouvernement libyen » parallèle, allié aux FAAL et à la Chambre des représentants, qui s’élève à 179 milliards de dinars libyens (34 milliards d’euros).
Ce budget alloue des fonds à des groupes armés ayant des antécédents de violations des droits humains, dont l’Agence de sûreté intérieure (ISA). Le 6 avril 2023, la Chambre des représentants a promulgué une nouvelle loi sur la réorganisation de l’ISA. En vertu de cette loi, l’ISA est habilitée à fonder des projets d’investissement et des sociétés et à fournir des services de sécurité moyennant des frais ; elle est placée sous le commandement nominal du Conseil ministériel et son siège se trouve à Benghazi.
En 2017, la Chambre des représentants alliée aux FAAL a publié un décret plaçant les forces de l’Agence de sûreté intérieure (ISA) sous le commandement des FAAL. Les témoignages et autres informations recueillis par Amnesty International font état de la coopération et du transfert de détenus entre l’ISA et d’autres groupes armés alliés aux FAAL, dont la police militaire, la 128e brigade et la brigade Tariq Ibn Zeyad. Les groupes armés de l’ISA, qui agissent sous l’autorité de facto des FAAL, ont chacun leur propre commandant, répondant tous en théorie à un seul commandant en chef, Ousama Al Dressi, depuis sa nomination en novembre 2022 par le président de l’époque du gouvernement de stabilité nationale (GNS), renommé par la suite gouvernement libyen.
Les membres de l’Agence de sûreté intérieure (ISA) ont commis de terribles atteintes aux droits humains afin de réduire au silence les détracteurs et les opposants, notamment à coups de détentions arbitraires, de disparitions forcées et d’actes de torture.
Une entité distincte, également appelée ISA, opère dans l’ouest de la Libye. Elle est dirigée par Lotfi al Harari, en théorie sous l’autorité du Premier ministre du gouvernement d’unité nationale.