Le 2 octobre 2024, le président de la République dominicaine, Luis Abinader, a annoncé la mise en œuvre immédiate d’un plan visant à expulser jusqu’à 10 000 migrant·e·s par semaine. Cette mesure suscite de vives inquiétudes quant au traitement réservé aux Haïtien·ne·s, aux Dominicain·e·s d’origine haïtienne, aux personnes apatrides et aux personnes noires en République dominicaine.
Cette annonce survient malgré la crise sécuritaire et humanitaire que connaît Haïti, qui met en péril de nombreuses vies. Selon l’Organisation internationale pour les migrations, au mois de septembre 2024, le gouvernement dominicain avait expulsé 128 174 personnes, dont plus de 6 000 adolescent·e·s, fillettes et garçons. Ces mesures supplémentaires multiplieraient quasiment par trois le taux d’expulsions hebdomadaires établi en 2024.
Dans une lettre ouverte adressée au président Luis Abinader en avril, ainsi que dans une récente déclaration, Amnesty International a insisté sur la nécessité urgente pour les autorités dominicaines de mettre fin aux politiques migratoires racistes et de cesser les expulsions collectives de Haïtien·ne·s, qui sont contraires aux obligations internationales de la République dominicaine en matière de droits humains.
Amnesty International a souligné la nécessité pour les institutions dominicaines d’éradiquer de toute urgence le profilage racial, le racisme structurel et la discrimination raciale, en garantissant le respect de la dignité humaine et de l’intégrité physique des migrant·e·s haïtiens et des Dominicain·e·s d’origine haïtienne.
Ces actions affectent non seulement les Haïtien·ne·s, mais mettent également en danger les Dominicain·e·s d’origine haïtienne et les personnes noires, qui risquent de voir leur origine nationale, leur race, leur couleur de peau ou leur apatridie associées à un statut de migration irrégulière en raison d’un profilage racial constant et d’autres formes de discrimination raciale. Cette dynamique a instauré un climat de peur et de danger au sein de leurs communautés, sur lesquelles pèse une incertitude constante due au risque d’arrestation arbitraire et d’expulsion. Cela entrave et empêche l’exercice de divers droits, notamment l’accès aux soins de santé, à l’éducation et à l’emploi, ainsi que la défense des droits humains elle-même.
Malgré les engagements du gouvernement à respecter les droits humains, des éléments indiquent que des violations persistent, comme la détention arbitraire de mineur·e·s et de femmes enceintes, et l’usage excessif de la force par les autorités, entre autres.
De hauts responsables de l’État ont cependant rejeté les éléments de preuve présentés par Amnesty International et d’autres concernant l’impact des politiques migratoires sur les droits humains. Parallèlement, ces mesures ont été soutenues par des discours qui stigmatisent les Haïtien·ne·s, y compris les femmes enceintes qui accèdent aux services de santé publique, et les filles et les garçons qui reçoivent une éducation publique.