Depuis 2013, des milliers de personnes sont arbitrairement détenues en Égypte uniquement pour avoir exercé leurs droits fondamentaux, ou à l’issue de procédures bafouant les droits à un procès équitable ou dépourvues de fondement légal. Parmi ces personnes figurent des défenseur·e·s des droits humains, des militant·e·s politiques, des membres de partis d’opposition, des syndicalistes, des ouvriers et ouvrières, des manifestant·e·s pacifiques, des journalistes, des avocat·e·s, des influenceurs et influenceuses sur les réseaux sociaux et des membres de minorités religieuses.
En 2023, 834 personnes détenues pour des motifs politiques ont été libérées, mais les autorités en ont arrêté trois fois plus. Le service du procureur général de la sûreté de l’État a interrogé au moins 2 504 détracteurs ou opposants présumés, en les accusant de participation à des infractions relevant du terrorisme ou de la cybercriminalité, à des manifestations ou à la diffusion de « fausses nouvelles ».
Ceux qui sont finalement jugés le sont dans le cadre de procédures manifestement iniques, y compris par des juridictions d’exception ou des chambres des juridictions pénales spécialisées dans les affaires de terrorisme, pour des accusations fallacieuses d’atteinte à la « sécurité nationale », de « terrorisme » et de diffusion de « fausses nouvelles ». Le droit à un procès équitable dans les affaires à caractère politique est couramment piétiné.
Parmi les violations les plus fréquentes figurent des atteintes au droit d’être jugé par un tribunal indépendant et impartial, au droit d’être présumé innocent et de ne pas être forcé de témoigner contre soi-même, au droit à une audience publique, au droit de l’accusé d’être informé des charges retenues à son encontre, au droit de disposer du temps et des facilités nécessaires à la préparation de sa défense et au droit de communiquer avec l’avocat de son choix.
Les forces de sécurité, dont l’Agence de sécurité nationale, continuent de soumettre des dissident·e·s à des disparitions forcées, au cours desquelles ils risquent de subir actes de torture et mauvais traitements. D’après la campagne Halte aux disparitions forcées, au moins 70 personnes arrêtées en 2023 ont été victimes de disparition forcée ; on ignore toujours tout du sort de six d’entre elles.
En Égypte, la torture et les mauvais traitements demeurent monnaie courante, et ce dans une impunité quasi totale. Amnesty International recense régulièrement des cas d’actes de torture et de mauvais traitements infligés aux détenus par les forces de sécurité, dans les prisons, les postes de police et les centres contrôlés par l’Agence de sécurité nationale. Parmi les méthodes de torture dénoncées par des victimes et des témoins figurent les coups, les décharges électriques, la suspension par les membres, les violences sexuelles, la privation délibérée de soins médicaux et le maintien à l’isolement pour une durée indéfinie, dans des conditions inhumaines.
Les autorités égyptiennes s’abstiennent systématiquement de mener des enquêtes efficaces sur les causes et les circonstances des morts en détention et de traduire les responsables présumés en justice.
Des personnes sont toujours incarcérées dans des conditions constituant une violation de l’interdiction absolue de la torture et des autres formes de mauvais traitements : refus délibérés de soins de santé et de visites des familles, détention prolongée à l’isolement, exposition à des lumières vives et vidéosurveillance 24 heures sur 24.
Entre janvier et mars 2019, Amnesty International a recensé la disparition forcée de cinq personnes à la suite de leur renvoi forcé en Égypte depuis la Turquie et la Malaisie. Le 18 janvier 2019, les autorités turques ont expulsé Mohamed Abdelhafiz vers l’Égypte, où il a été victime d’une disparition forcée pendant plus d’un mois.
Mohamed Abdelhafiz avait été condamné à mort le 22 juillet 2017 par contumace, à l’issue d’un procès collectif inique, et est désormais incarcéré dans l’attente de son nouveau procès.