Écrire Il faut protéger les civil·e·s au Catatumbo

Depuis le 16 janvier, la région du Catatumbo (nord-est de la Colombie) est en proie à des violences armées, à la suite d’affrontements entre les groupes armés Armée de libération nationale (ELN) et État-major général des blocs et des fronts (EMBF), un groupe dissident des anciennes Forces armées révolutionnaires de Colombie - Armée du peuple (FARC-EP).

Certaines sources ont fait état de l’homicide de dizaines de civil·e·s, de déplacements forcés massifs de milliers de personnes et de risques accrus de confinements forcés, d’autres meurtres et de disparitions forcées.

Nous appelons les autorités colombiennes à prendre d’urgence toutes les mesures nécessaires pour protéger les civil·e·s dans la région du Catatumbo, notamment les défenseur·e·s des droits humains.

Située dans le nord-est de la Colombie, dans le département du Norte de Santander, la région du Catatumbo s’étend entre les Andes orientales et les environs du lac Maracaibo au Venezuela. Il s’agit d’une région riche en ressources naturelles, en particulier en pétrole, où l’extrême pauvreté, les degrés élevés de militarisation et de violence, ainsi que le manque d’accès à la santé, à l’alimentation, à l’éducation, à l’eau et au logement ont créé un environnement hostile pour les dirigeant·e·s associatifs et les activités de défense des droits humains. Cette région manque par ailleurs d’infrastructures et de connexions avec le reste de la Colombie et demeure l’un des principaux lieux de culture de feuilles de coca et de production de coca dans le pays.

Amnesty International recense depuis plusieurs années des violences visant les défenseur·e·s des droits humains dans la région du Catatumbo, en se concentrant sur le Comité d’intégration sociale du Catatumbo (CISCA). Depuis 2020, Amnesty International souligne que le travail du CISCA en faveur des droits humains a été entravé par deux facteurs de risques collectifs majeurs : le degré élevé de violence dans sa zone d’influence, en particulier contre les dirigeant·e·s associatifs, et les mesures d’éradication forcée des cultures de feuilles de coca. Amnesty International reconnait par ailleurs que l’extrême pauvreté et les entraves aux droits économiques et sociaux créent un environnement tendu et hostile dans la région, en particulier pour les dirigeant·e·s associatifs.

Amnesty International a constaté au mois de juillet 2023 que les autorités colombiennes avaient mis fin aux opérations d’éradication forcée des feuilles de coca et qu’il y avait une diminution relative de l’activité militaire dans la région, tant de la part des forces de sécurité de l’État que des groupes armés. Cependant, la longue histoire de la militarisation et l’impact humanitaire du conflit armé n’ont pas permis de favoriser un environnement sûr pour la mobilisation sociale et les activités de défense des droits humains, d’autant que les agissements des groupes armés se sont poursuivis, voire intensifiés, dans les régions voisines.

Aujourd’hui, un an et demi plus tard, les affrontements entre groupes armés ont repris, suscitant des inquiétudes quant à la sécurité de la population civile, y compris des défenseur·e·s des droits humains, des dirigeant·e·s associatifs et d’anciens membres des FARC-EP démobilisés en 2016. Le 16 janvier, des affrontements ont été signalés entre deux groupes armés, l’Armée de libération nationale (ELN) et des groupes dissidents des anciennes Forces armées révolutionnaires de Colombie - Armée du peuple (FARC-EP), connus sous le nom d’État-major général des blocs et des fronts (EMBF).

Dans un contexte de violence armée accrue dans la région, les médias, les représentant·e·s de l’ONU dans le pays, les autorités nationales et les associations ont signalé des homicides de civil·e·s, notamment de responsables associatifs et d’anciens membres des FARC-EP démobilisés en 2016. Ces informations ont donné lieu à des inquiétudes concernant les risques élevés de nouveaux meurtres, de déplacements forcés massifs, de confinements forcés et de disparitions forcées.

Le 18 janvier, le Bureau de la défenseure du peuple a partagé des chiffres préliminaires faisant état d’une soixantaine d’homicides dans les municipalités de Convención, Ábrego, Teorama, El Tarra, Hacarí et Tibú, et a souligné le risque particulier auquel sont exposées les personnes ayant des responsabilités associatives et/ou les anciens membres des FARC-EP démobilisés en 2016, compte tenu des déclarations publiques faites par le groupe armé ELN à leur égard.

Le Bureau de la défenseure du peuple a également signalé des déplacements forcés de peuples autochtones et de communautés paysannes, dont 850 familles arrivées à Ocaña, près de 2 500 personnes à Tibú, des centaines de familles à Cúcuta et au moins 60 personnes arrivées dans la région de Zulia, au Venezuela (d’après le ministère colombien des Affaires étrangères). Le 19 janvier, la défenseure a donné le chiffre d’au moins 11 000 personnes déplacées de force dans la région.

Les autorités colombiennes ont affirmé que leur priorité était de protéger la population civile. Selon elles, des évacuations ont été effectuées ces derniers jours. Le risque persiste néanmoins et des mesures supplémentaires sont nécessaires pour garantir la protection de ces personnes.

Action terminée

Toutes les infos
Toutes les actions

L’accord de gouvernement suscite de fortes inquiétudes en Belgique

Amnesty appelle le nouveau gouvernement à placer les droits humains au cœur de toutes ses mesures

2025 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit