Septia Dwi Pertiwi était salariée chez PT Hive Five, une entreprise de services fiscaux et comptables, à Djakarta-Sud, en Indonésie. Le 27 octobre 2022, elle a démissionné de son poste après que l’entreprise a diminué son salaire et celui de ses collègues et ne leur a pas versé la commission qui leur avait été promise.
Le 21 janvier 2023, Septia Dwi Pertiwi a critiqué sur les réseaux sociaux son ancien employeur en l’accusant de sous-payer ses salarié·e·s et de négliger leurs droits, en particulier au cours de la période où elle travaillait pour lui. Vingt-deux heures après sa publication, Septia Dwi Pertiwi a commencé à recevoir plusieurs messages d’un compte anonyme la menaçant d’emprisonnement.
Elle a ensuite été contactée tout au long de la journée par plusieurs personnes travaillant pour l’entreprise, mais elle a refusé de répondre.
Le 22 janvier 2023, Henry Kurnia Adhi, l’un des propriétaires de l’entreprise, a adressé un avis juridique à Septia Dwi Pertiwi, en lui demandant des explications et en l’accusant de diffamation.
Le 23 janvier 2023, Septia Dwi Pertiwi a reçu le premier avis juridique envoyé à son domicile, auquel elle n’a pas donné suite. Le 27 janvier 2023, elle a reçu un deuxième avis juridique, et le 17 février 2023, un courrier de la police régionale de Djakarta la convoquant au siège de celle-ci.
Le 13 mars 2023, Septia Dwi Pertiwi et ses avocat·e·s ont répondu à la convocation de la police pour une médiation avec Henry Kurnia Adhi, mais ce dernier ne s’est pas présenté.
Le 5 septembre 2023, une seconde médiation entre Septia Dwi Pertiwi et Henry Kurnia Adhi a été organisée par la police régionale de Djakarta. Henry Kurnia Adhi a réclamé 300 millions de roupies (environ 19 300 dollars des États-Unis) de dommages et intérêts à Septia Dwi Pertiwi et exigé qu’elle présente des excuses publiques dans les médias. La police a en outre désigné Septia Dwi Pertiwi comme suspecte, mais les enquêteurs ne l’ont pas arrêtée sur le moment car elle avait fait preuve d’un grand respect pour la procédure juridique et s’était montrée coopérative à chaque convocation.
Le 26 août 2024, Septia Dwi Pertiwi a finalement été arrêtée. Le lendemain, ses avocat·e·s ont adressé une demande de suspension de sa détention au parquet de Djakarta-Centre. Cette requête devait être examinée lors de la première audience de Septia Dwi Pertiwi devant le tribunal du district de Djakarta-Centre le 10 septembre 2024. Cependant, l’audience a été reportée et a débuté le 17 septembre 2024.
Le 19 septembre 2024, les juges ont examiné les demandes de la défense, notamment celle de suspendre la détention. La remise en liberté de Septia Dwi Pertiwi a été ordonnée à l’issue de cette audience.
L’Indonésie fait montre d’une tendance inquiétante à engager des poursuites pénales contre des personnes pour réprimer le droit à la liberté d’expression. Selon les données dont dispose Amnesty International, entre janvier 2019 et octobre 2024, au moins 554 personnes ont été poursuivies pour des infractions présumées à des articles problématiques de la Loi relative à l’information et aux transactions électroniques.