Le 10 mars, Domoina Ranabosoa, 33 ans, a été placée en détention provisoire à la prison d’Antanimora, dans la capitale malgache. Comme Amnesty International l’a indiqué en 2018 dans son rapport intitulé Punis parce qu’ils sont pauvres. Le recours injustifié, excessif et prolongé à la détention préventive à Madagascar, les conditions de détention dans le pays sont inhumaines en raison du recours excessif et prolongé à la détention provisoire, qui est à l’origine d’une forte surpopulation carcérale sur tout le territoire.
Domoina Ranabosoa est accusée de « détournement de mineur de moins de 21 ans » en raison de sa relation (consentie) avec sa compagne de 19 ans, Fyh. À Madagascar, l’article 331 du Code pénal prévoit jusqu’à cinq ans d’emprisonnement pour « quiconque aura commis un acte impudique ou contre nature avec un individu de son sexe mineur de moins de vingt et un ans ». Fyh et Domoina avaient décidé de s’installer ensemble mais la mère de Fyh le désapprouvait et a dénoncé Domoina à la police.
Lors d’un entretien avec Amnesty International, Fyh a expliqué que son père et son grand-père l’avaient violée de l’âge de six ans à celui de 16 ans, période pendant laquelle elle avait dû subir deux avortements (également criminalisés par le droit malgache). Après avoir rencontré Domoina et s’être confiée à elle, Fyh a enfin trouvé le courage de poursuivre son père en justice. C’est à ce moment-là que sa relation avec sa mère est devenue difficile car celle-ci l’accusait d’avoir détruit l’unité familiale. Fyh estime que cette action en justice à l’encontre de Domoina est motivée par la soif de vengeance de sa mère, qui espère l’étancher en s’en prenant à la compagne de sa fille.
Du fait de le menace du COVID-19, Domoina a été informée qu’elle ne pouvait plus recevoir de visites de son avocat ni de ses proches et que son procès, initialement prévu pour le 10 avril, avait été reporté à une date indéterminée. Les recherches d’Amnesty International l’ont déjà mis en évidence, l’État malgache abuse de la détention provisoire, contraignant ainsi les détenu·e·s à subir l’insalubrité et la surpopulation. Avec la nouvelle menace que représente le COVID-19, ces personnes vont devoir attendre encore plus longtemps leur procès, tout en risquant de tomber malades.