Alors que le monde lutte contre la pandémie de COVID-19, le gouvernement de Nicolás Maduro utilise cette crise pour étendre son pouvoir et en abuser. Le gouvernement a augmenté son recours aux détentions arbitraires de membres réels ou présumés de l’opposition et d’autres personnes critiques. En outre, des éléments tendent à prouver que le gouvernement de Nicolás Maduro a eu recours à la torture et à des exécutions extrajudiciaires.
Le 2 avril 2020, environ 15 membres de la DGCIM ont effectué une descente au domicile de Maury Carrero. Dans ce cadre, ils ont saisi de nombreux objets de valeur et appareils électroniques de la famille. Les représentants de l’État ont indiqué aux parents de Maury Carrero qu’ils l’emmenaient temporairement et qu’ils la ramèneraient chez elle, car son nom ne figurait pas sur l’autorisation de perquisition.
Maury Carrero n’est pas rentrée chez elle ce soir-là. Pendant son premier mois de détention, elle n’était autorisée à passer qu’un seul appel par semaine environ, très court, pendant lequel des représentants de l’État étaient présents à tout instant, et elle n’a donc pas pu parler librement et en toute sécurité de ses conditions de détention. Depuis son transfert vers l’Institut National d’Orientation pour Femmes (Instituto Nacional de Orientación Femenina - INOF), une prison pour femmes, le 14 mai, les responsables ne l’ont pas autorisée à voir ses avocats et sa famille, au prétexte de l’état d’urgence mis en place dans le cadre de la pandémie de COVID-19.
Le 19 mai, elle a été inculpée par le ministère public de « dissimulation d’armes à feu » et d’« association en vue de commettre des infractions », au titre de la Loi organique relative à la lutte contre le crime organisé et le financement du terrorisme. L’inculpation a été prononcée devant le deuxième juge spécial compétent dans les affaires d’infractions liées au « terrorisme ». Elle avait initialement été accusée de terrorisme, d’association en vue de commettre une infraction, de dissimulation d’armes à feu et d’explosifs et de dissimulation d’une faible quantité de stupéfiants, mais n’avait pas été officiellement inculpée avant le 19 mai.
L’arrestation de Maury Carrero est une nouvelle illustration de la politique de répression menée par le gouvernement de Nicolás Maduro. L’intimidation, le harcèlement, la torture, les détentions arbitraires et les disparitions forcées sont des pratiques communes de la DGCIM et du gouvernement de Nicolás Maduro. Ces dernières années, plusieurs dizaines de membres de l’opposition ont dû fuir le pays et demander l’asile après avoir été menacés par le gouvernement de Nicolás Maduro.
D’autres personnes ont été arrêtées arbitrairement en raison de leurs liens avec des dirigeant·e·s ou militant·e·s de l’opposition. Des civils vénézuéliens critiquant le gouvernement ou participant à des manifestations risquent également la détention, et certains ont été soumis à des disparitions ou ont été tués par les forces de sécurité. Dans le contexte de la pandémie de COVID-19, des membres du personnel médical, des journalistes et d’autres personnes ont été placés en détention après avoir signalé de nouveaux cas de COVID-19 ou dénoncé le manque de matériel médical et de biens de première nécessité.
Dans le rapport intitulé Hunger for Justice : Crimes against Humanity in Venezuela qui a été publié l’an dernier, Amnesty International concluait que les exécutions extrajudiciaires ciblées, les détentions arbitraires, ainsi que les morts et les blessures résultant du recours excessif à la force exercé par le gouvernement de Nicolás Maduro, dans le contexte d’une politique de répression systématique et généralisée menée depuis au moins 2017, étaient susceptibles de constituer des crimes contre l’humanité.
Depuis 2014, un nombre sans précédent de Vénézuéliennes et Vénézuéliens se sont réfugiés à l’étranger, en quête de sécurité et d’un avenir digne. En mars 2020, plus de cinq millions de personnes avaient fui le pays. En raison de la crise liée au COVID-19, de nombreuses personnes qui avaient fui le Venezuela ont été forcées à y retourner à cause de l’effondrement des économies et du manque d’aide dédiée aux réfugié·e·s touchés par la pandémie et ses effets secondaires. Ces personnes risquent également de faire l’objet de représailles du gouvernement.