Écrire Les femmes qui cherchent des personnes disparues ont besoin de protection

La Fundación Nydia Erika Bautista (FNEB) est une organisation de femmes recherchant des personnes disparues, qui promeut les droits des victimes de disparitions forcées et lutte contre l’impunité.

Le 24 octobre, dans le contexte des nouvelles informations qui émergent concernant la disparition forcée de Nydia Erika Bautista, lors d’incidents séparés, des activités suspectes ont été constatées lors d’une réunion sur invitation de femmes recherchant des proches et de représentant·e·s des autorités, et une tentative de piratage de l’adresse électronique institutionnelle de l’organisation a eu lieu.

Ces situations ne sont pas nouvelles et les autorités doivent agir afin d’empêcher qu’elles ne se reproduisent. Ainsi, le bureau de la procureurs générale doit enquêter sur les menaces et les attaques et, si possible et en vertu des règles de procédure régulière, traduire les responsables présumés en justice.

Yanette Bautista est la sœur de Nydia Erika Bautista, disparue de force aux mains de la XXe Brigade de l’armée nationale colombienne le 30 août 1987. Avec d’autres membres de la famille et après avoir pendant des années lutté contre l’impunité et recherché sa sœur et sa tante, ainsi que de nombreuses autres victimes de disparitions forcées dans le pays, elles ont créé la Fondation Nydia Erika Bautista (Fundación Nydia Erika Bautista, FNEB).

La FNEB a été fondée lorsque Yanette Bautista et sa famille ont été contraintes à l’exil en raison des menaces et des attaques reçues à cause de leur lutte en faveur des droits des victimes de disparitions forcées et des personnes qui les recherchent. En 1999, à Genève, en Suisse, un groupe de défenseur·e·s des droits humains originaires d’Allemagne, de Suisse, de Colombie et du Mexique se sont rencontrés dans le cadre de leurs activités de plaidoyer auprès des Nations unies et ont décidé de créer une organisation baptisée en l’honneur de Nydia Erika Bautista.

Au fil des ans, la famille Bautista a décidé de rentrer en Colombie et, en 2007, elle a créé officiellement la FNEB dans le pays, en tant qu’organisation de victimes de disparitions forcées et de violences sexuelles qui accompagne d’autres victimes se trouvant dans la même situation que ses membres. Son identité se fonde sur deux caractéristiques.

Premièrement, elle est déterminée par l’expérience historique de lutte pour faire émerger vérité et justice dans le cas de Nydia Erika Bautista et, par conséquent, se considère comme une organisation de proches de victimes de disparitions forcées.

Deuxièmement, elle se compose principalement de femmes, qui luttent pour les droits à l’égalité et à une vie sans violence, et se considère donc aussi comme une organisation de femmes. Aujourd’hui, grâce au soutien juridique, à la documentation, à la mémoire et aux communications, au plaidoyer et à la recherche, à l’administration et à l’École de leadership, la FNEB soutient directement les victimes de différentes régions de Colombie dans 519 cas et mène des actions visant à promouvoir les droits des victimes de disparitions forcées et, en particulier, ceux des femmes qui les recherchent.

Grâce à son initiative et sous son impulsion, la Loi 2364 de 2024 a été publiée, conçue pour protéger un large éventail de droits des femmes qui mènent des recherches dans le pays et façonnée à partir de leur expérience, recueillie par la FNEB pendant des années.

Amnesty International suit la situation de la FNEB et la disparition forcée de Nydia Erika Bautista depuis des années et reçoit de nombreuses informations sur les risques, les menaces et les attaques auxquels elles sont confrontées. Les événements récents ne sont pas seulement la répétition d’actes similaires à leur encontre, mais aussi des avertissements sur la possible escalade de la violence contre la FNEB et d’autres femmes qui recherchent des victimes de disparitions forcées.

Parallèlement, le Congrès colombien a adopté en juillet 2024 un projet de loi visant à protéger les droits des femmes à la recherche de personnes disparues dans le pays. Les promesses incluses dans cette loi doivent prendre la forme d’actions et de mesures visant à améliorer leur vie, notamment en enquêtant sur les menaces et les attaques dont elles font l’objet.

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