Écrire Une figure de l’opposition risque la peine de mort

Pour AGIR : copiez-collez le modèle de lettre ci-dessous dans le cadre bleu/gris et envoyez-le au Président de la République de Tunisie, Kaïs Saïed : contact@carthage.tn .
Envoyez le modèle de lettre ensuite à l’ambassade de Tunisie en Belgique par email : at.belgique@diplomatie.gov.tn .

Vous pouvez aussi personnaliser votre courrier avant de l’envoyer, cela augmentera la probabilité qu’il parvienne aux destinataires. Veillez à ce que votre courrier soit respectueux et persuasif - n’utilisez pas de langage haineux. Expliquez que vous suivrez de près cette campagne et que vous en parlerez à d’autres personnes.

Pour que nous puissions faire un suivi des actions, merci de mettre action@amnesty.be en copie cachée (Cci) de votre mail.

Abir Moussi, figure de l’opposition qui a passé deux années derrière les barreaux, injustement incarcérée uniquement pour avoir exercé sans violence ses droits humains, comparaîtra devant un tribunal le 24 octobre 2025 pour des accusations passibles de la peine de mort.

Elle purge une peine de trois ans et quatre mois de prison, après avoir été condamnée dans le cadre de deux affaires distinctes pour avoir critiqué le processus électoral, à la suite de plaintes déposées par l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) en vertu du décret-loi n° 54.

Elle a été arrêtée arbitrairement le 3 octobre 2023, alors qu’elle tentait de déposer un recours contre les décrets présidentiels à la veille des élections locales.

Abir Moussi fait l’objet d’autres accusations dans le cadre d’enquêtes distinctes liées à l’exercice de ses droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique.

Les autorités tunisiennes doivent la libérer immédiatement, annuler sa condamnation et abandonner les charges qui pèsent sur elle, car elle est incarcérée uniquement en raison de l’exercice pacifique de ses droits fondamentaux.

L’avocate Abir Moussi, 48 ans, est la présidente du Parti destourien libre (PDL), connue pour sa franche opposition au président Kaïs Saïed. Elle a été membre du Parlement de 2019 à 2021. Le 5 août 2024, le tribunal de première instance de Tunis l’a condamnée à deux ans de prison en vertu du décret-loi n° 54 pour avoir critiqué les élections législatives, à la suite d’une plainte déposée par l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE).

Le 3 octobre 2023, quelques jours après avoir exprimé son intérêt pour une candidature à l’élection présidentielle, Abir Moussi a été arrêtée par les forces de sécurité devant un bureau de l’administration publique annexé au Palais présidentiel à Carthage, alors qu’elle tentait de déposer un recours contre les décrets présidentiels. Elle n’a pas pu déposer ce recours, et a manifesté en organisant un sit-in improvisé devant le bâtiment et en le diffusant en direct sur Facebook.

Selon des témoins et ses avocat·e·s, les forces de sécurité l’ont interpellée arbitrairement et emmenée dans un lieu tenu secret pendant deux heures avant que les personnes qui la représentent légalement ne la localisent dans un poste de police à La Goulette, à Tunis. Au bout de 48 heures de garde à vue, un juge d’instruction a émis une ordonnance de placement en détention provisoire. En outre, la police a ignoré ses demandes concernant les médicaments qui lui ont été prescrits.

Le 5 octobre, un juge d’instruction a interrogé Abir Moussi au tribunal de première instance de Tunis et a ordonné son placement en détention provisoire pour des accusations de « tentative de changement de la forme du gouvernement », « incitation à la violence sur le territoire tunisien » et « agression dans le but de provoquer le désordre » en vertu de l’article 72 du Code pénal, ainsi que de « traitement de données personnelles sans le consentement de la personne concernée » et d’« interférence avec la liberté de travail », en vertu des articles 27 et 87 de la Loi sur la protection des données et de l’article 136 du Code pénal. Toutefois, les allégations de violences sont infondées. Les éléments de preuve issus de la diffusion en direct sur Facebook et de témoignages directs indiquent qu’Abir Moussi manifestait pacifiquement contre la décision arbitraire de la police l’empêchant de déposer un recours contre les décrets présidentiels.

Le 18 novembre 2024, le juge d’instruction a réintroduit les accusations au titre de l’article 72 (qui prévoit la peine de mort) après un recours du ministère public devant la Cour de cassation, décision confirmée par la suite par la chambre d’accusation. L’article 72 du Code pénal dispose que : « Est puni de mort, l’auteur de l’attentat ayant pour but de changer la forme du gouvernement, d’inciter les gens à s’armer les uns contre les autres ou à provoquer le désordre, le meurtre ou le pillage sur le territoire tunisien. »

Entre décembre 2022 et mars 2023, l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) a déposé quatre plaintes contre Abir Moussi auprès du procureur général de Tunis, en vertu du décret-loi n° 54. Elles sont fondées sur des déclarations d’Abir Moussi critiquant la gestion des élections par l’ISIE. Elle a accusé la commission électorale d’avoir commis des fraudes électorales.

Le 5 juillet 2024, un juge d’instruction a interrogé Abir Moussi dans le cadre de l’une des plaintes déposées contre elle par l’ISIE au sujet de ses déclarations datant de novembre 2022 et janvier 2023, dans lesquelles elle affirmait que les élections législatives étaient « truquées » et que le nombre de député·e·s élus était incomplet. Le juge a ordonné son placement en détention provisoire, puis l’a renvoyée devant les tribunaux en vertu de l’article 24 du décret-loi n° 54 pour « utilisation délibérée de réseaux et de systèmes d’information et de communication pour produire, promouvoir, publier, transmettre ou préparer de fausses nouvelles, déclarations, rumeurs ou documents artificiels, faussement attribués à autrui dans le but d’attaquer les droits d’autrui, de nuire à la sécurité publique ou à la défense nationale ou de semer la terreur parmi la population ».

Le 5 août 2024, Abir Moussi a comparu devant un tribunal, qui a rejeté les demandes de son équipe de défense concernant un report et une libération provisoire, et l’a condamnée à deux ans de prison, bafouant ses droits à un procès équitable et à la liberté d’expression.

Abir Moussi fait également l’objet de poursuites pénales en vertu des articles 15, 245, 220 et 306 du Code pénal dans le cadre d’une autre affaire, à la suite d’une plainte déposée par l’Union internationale des savants musulmans, le 10 mai 2022, après deux manifestations organisées devant son bureau à Tunis. La plainte mentionne l’endommagement des biens d’autrui, le vol, la diffamation, la diffusion de fausses nouvelles et l’intimidation publique.

Abir Moussi a été entendue par un juge d’instruction le 12 juin 2024. En vertu du droit international relatif aux droits humains, la diffamation doit être traitée comme une question relevant du civil, et non du pénal, et ne doit jamais être sanctionnée d’une peine d’emprisonnement. Les représentants de l’État qui veulent demander réparation dans une affaire de diffamation doivent le faire devant un tribunal civil, et non pénal.

Abir Moussi, qui souffre d’arthrite et de douleurs dorsales, a été transférée à deux reprises dans des prisons distinctes, à chaque fois encore plus loin de sa famille et de ses avocats. Tout d’abord incarcérée dans la prison de Manouba à Tunis, elle a été transférée à la prison de Belli en février 2025, dans le gouvernorat de Nabeul, à 44 kiomètres de Tunis.

En juin 2025, elle a été transférée une deuxième fois à la prison de Bulla Regia dans le gouvernorat de Jendouba, à 157 kilomètres de Tunis. Ses avocats ont fait part de leur inquiétude quant à ces transferts, qui isolent Abir Moussi de sa famille et de son équipe de défense, compromettant son droit à une défense adéquate.

J'agis

PASSEZ À L’ACTION : ENVOYEZ UN APPEL EN UTILISANT VOS PROPRES MOTS OU EN VOUS INSPIRANT DU MODÈLE DE LETTRE CI-DESSOUS

Monsieur le Président,

Je vous écris afin de vous faire part de ma vive inquiétude au sujet de la détention injuste et prolongée de la figure de l’opposition tunisienne Abir Moussi, qui a passé deux années derrière les barreaux uniquement pour avoir exercé sans violence ses droits humains.

Le 5 août 2024, le tribunal de première instance de Tunis a condamné Abir Moussi à deux ans de prison en raison de déclarations publiques qu’elle avait faites en novembre 2022 et janvier 2023, dans lesquelles elle critiquait le processus des élections législatives, à la suite d’une plainte déposée en vertu du décret-loi n° 54 par l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE). Le 22 novembre 2024, la cour d’appel de Tunis a réduit sa peine de deux ans à 16 mois de prison et elle a fini de purger sa peine inique le 26 mai 2025 - et aurait donc dû être remise en liberté. Cependant, le 12 juin 2025, ce même tribunal l’a condamnée à deux années supplémentaires dans le cadre d’une autre affaire, à la suite d’une plainte déposée par l’ISIE en vertu du décret-loi n° 54.

Le 24 octobre 2025, Abir Moussi comparaîtra devant le tribunal de première instance de Tunis et sera jugée dans le cadre de l’affaire pour laquelle les autorités l’ont initialement arrêtée. Le 3 octobre 2023, des policiers l’ont arrêtée devant un bureau de l’administration publique annexé au Palais présidentiel alors qu’elle tentait de déposer un recours contre les décrets présidentiels auprès de l’administration concernée ; elle en a été empêchée.

Abir Moussi a dénoncé ce refus arbitraire et a insisté pour rester devant le bâtiment de l’administration jusqu’à la fin de la journée de travail afin de diffuser la scène en direct sur Facebook. Elle est jugée pour des accusations infondées de « tentative de changement de la forme du gouvernement », « incitation à la violence sur le territoire tunisien » et « agression dans le but de changer la forme de l’État » en vertu de l’article 72 du Code pénal, qui prévoit la peine de mort. Les allégations de violences et voies de fait sont totalement infondées.

Je vous demande de libérer immédiatement Abir Moussi, d’annuler sa condamnation et d’abandonner toutes les charges retenues contre elle, car elle est incarcérée uniquement en raison de ses activités militantes politiques pacifiques et de l’exercice de son droit à la liberté d’expression. Dans l’attente de sa libération, elle doit être autorisée à voir régulièrement sa famille et ses avocats et à recevoir les soins médicaux appropriés.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma haute considération.

LANGUE À PRIVILÉGIER POUR LA RÉDACTION DE VOS APPELS : arabe, français et anglais
Vous pouvez également écrire dans votre propre langue.


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