Écrire Le fils d’un politicien emprisonné et privé de visites familiales

Anas al Beltagy, qui n’a pas pu contacter sa famille depuis maintenant six ans, est toujours privé de visite depuis son transfert effectué le 8 juin de la prison Badr 1 à la prison du Dixième jour de ramadan, dans le gouvernorat de Sharqiya.

Il est détenu arbitrairement depuis plus de neuf ans, bien qu’il ait été acquitté dans le cadre de quatre procès différents. Les inquiétudes pour sa santé se sont faites plus vives après une audience de prolongation de sa détention tenue par vidéoconférence le 17 juillet, lors de laquelle il est apparu affaibli.

Il doit être libéré immédiatement et sans condition, sa détention étant uniquement due à ses liens familiaux.

Les forces de sécurité ont arrêté une première fois Anas al Beltagy, qui avait alors 20 ans, le 24 décembre 2013 lors d’une visite avec sa mère au centre pénitentiaire de Tora pour voir son père emprisonné, Mohamed al Beltagy. Selon les informations recueillies par Amnesty International, des membres des forces de sécurité les ont encerclés et battus avant de les conduire devant le parquet de Maadi, qui les a interrogés en indiquant qu’ils étaient accusés d’avoir agressé des gardiens de prison. Le parquet a ordonné leur remise en liberté sous caution après environ 20 heures de détention.

Le 31 décembre 2013, Anas al Beltagy a de nouveau été arrêté, alors qu’il se trouvait chez un ami dans le quartier de Nasr City, au Caire. Il a été amené au poste de police n° 1 de Nasr City, où des policiers ont refusé de reconnaître sa détention et l’ont soumis à une disparition forcée pendant presque un mois. Il a subi des actes de torture et d’autres mauvais traitements au cours de cette période. Amnesty International a appris par des sources bien renseignées que les forces de sécurité l’avaient détenu dans une petite cage en fer « inadaptée aux humains ». Après son transfert à la prison d’Abu Zaabal, à Alexandrie, au début de l’année 2014, l’administration pénitentiaire l’a maintenu en détention à l’isolement de façon prolongée et il a dû dormir à même le sol en béton. Il a ensuite été transféré au centre pénitentiaire de Tora, au sud du Caire, où il a encore été soumis à la torture et à d’autres mauvais traitements, y compris à une détention prolongée à l’isolement. Il a été transféré au complexe carcéral de Badr en novembre 2022.

Il a été détenu à la prison Badr 1 de novembre 2022 au 8 juin 2023, date à laquelle il a été transféré à la prison du Dixième jour de ramadan. À Badr 1, les conditions dans lesquelles il était détenu étaient cruelles et inhumaines. Il a été maintenu à l’isolement pendant plusieurs mois dans une cellule glaciale où des lumières vives restaient allumées en permanence, sans pouvoir faire d’exercice en plein air et privé de tout contact avec les autres détenus. À la prison du Dixième jour de ramadan, l’administration pénitentiaire refuse également que sa famille lui apporte de la nourriture, des médicaments et des vêtements adaptés à la météo, alors même qu’il est notoire que les détenus y manquent de nourriture, d’eau potable, d’articles de base pour l’hygiène personnelle, de vêtements adaptés et de matériel de couchage.

Au cours des audiences de prolongation de sa détention, organisées à distance par vidéoconférence depuis 2022, lors desquelles il comparaît parfois les poignets menottés et les pieds entravés, il a signalé une détérioration de sa santé physique et mentale et de son état psychologique en raison de ses conditions de détention. Lors des audiences en ligne, les avocats de la défense se trouvent dans la salle d’audience avec les juges, tandis que le prévenu est connecté depuis une salle de la prison.

De telles audiences ne sont pas conformes aux normes d’équité des procès, ont lieu dans un cadre coercitif en présence de gardiens de prison, et les détenus ne peuvent pas communiquer en privé avec leurs avocats. De plus, ces audiences exposent les détenus à des risques de représailles de la part des gardiens s’ils se plaignent de torture ou autres mauvais traitements, et empêchent les juges de voir des ecchymoses ou autres blessures. Les avocats déplorent fréquemment des problèmes techniques durant les audiences en ligne, notamment de réseau, qui les empêchent de bien entendre leurs clients.

La famille de Mohamed al Beltagy est depuis longtemps prise pour cible par les forces de sécurité, à tel point que plusieurs de ses membres ont fui l’Égypte. Les forces de sécurité ont tué Asma al Beltagy, la sœur d’Anas al Beltagy, alors âgée de 16 ans, au cours de la dispersion violente du sit-in de la place Rabaa al Adawiya au Caire, le 14 août 2013, qui a fait quelque 900 morts. Aucun membre des forces de sécurité ou de l’armée n’a été amené à rendre des comptes pour ces faits, tandis que les autorités ont arrêté des milliers de membres et de sympathisants réels ou supposés des Frères musulmans.

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