Le projet Prince Rupert Gas Transmission (PRGT) est un gazoduc de 900 kilomètres de long sur environ 1,22 mètre de diamètre qui acheminerait du gaz naturel liquéfié (GNL) depuis Hudson’s Hope, dans le nord-est de la Colombie-Britannique, jusqu’à une installation d’exportation proposée sur la côte nord-ouest de la province dont l’emplacement exact n’a pas encore été confirmé par le gouvernement provincial. Les entreprises Prince Rupert Gas Transmission Holdings Ltd. et Prince Rupert Gas Transmission Limited Partnership (PRGT Ltd.) appartiennent actuellement à la nation Nisga’a et à Western LNG LLC.
Le Bureau d’évaluation environnementale de la Colombie-Britannique (BC EAO) a approuvé le certificat d’évaluation environnementale du projet PRGT le 25 novembre 2014 (permettant ainsi la poursuite du projet) sur la base des évaluations environnementales réalisées cette année-là et au cours des années précédentes. Pourtant, son évaluation avait conclu que le projet aurait des effets négatifs importants sur les caribous et sur les émissions de gaz à effet de serre. Au moment où le projet PRGT a reçu son certificat d’évaluation environnementale, le point d’arrivée proposé du gazoduc était le terminal de Pacific Northwest LNG, sur l’île Lelu.
Cependant, le projet du terminal a été annulé en 2017 avant le début de la construction du gazoduc et du terminal. En 2024, PRGT Ltd. a proposé au BC EAO que le point d’arrivée devienne le terminal GNL de Ksi Lisims, sur l’île Pearse ; ce terminal fait actuellement l’objet d’une évaluation environnementale et n’a pas encore été approuvé par le gouvernement de la Colombie-Britannique.
Autrement dit, le gazoduc PRGT n’a actuellement pas de point d’arrivée approuvé. Si la demande de modification du point d’arrivée du gazoduc en faveur du terminal GNL de Ksi Lisims est approuvée et que ce terminal reçoit l’approbation du gouvernement de la Colombie-Britannique, l’itinéraire du gazoduc PRGT changera également, ce qui signifiera que les évaluations environnementales réalisées par les entreprises en 2014 et avant ne seront plus représentatives du nouvel itinéraire.
En 2019, le projet PRGT a bénéficié d’une prolongation unique de son certificat d’évaluation environnementale disposant que le projet devait avoir réellement démarré avant le 25 novembre 2024. Conformément à la politique de détermination de la réalité du démarrage des projets du BC EAO, si le projet PRGT a « réellement démarré » au 25 novembre 2024, le certificat d’évaluation environnementale restera en vigueur pendant toute la durée de vie du projet. Le BC EAO n’a pas encore statué sur ce point. Si le projet n’est pas lancé à cette date, le certificat d’évaluation environnementale expirera. Des opérations de déboisement en vue de la construction du gazoduc PRGT ont débuté le 24 août 2024.
Les circonstances ont considérablement changé depuis l’évaluation environnementale du projet en 2014. Entretemps, la province de Colombie-Britannique a introduit des normes de qualité de l’air plus strictes et plus rigoureuses, ainsi que des objectifs d’atténuation supérieurs. Les conditions économiques et environnementales ont évolué et le changement climatique s’intensifie. Les cours d’eau locaux sont plus chauds et leur débit est moindre. Les saumons et autres populations de poissons et d’animaux sauvages sont plus à risque. Les incendies de forêt sont plus fréquents et ont un impact de plus en plus important sur la région. En outre, la construction du gazoduc PRGT a commencé alors que le projet n’a pas de terminal approuvé et que le certificat d’évaluation environnementale actuel est établi sur la base d’un itinéraire qui se termine sur l’île Lelu, ce qui ne sera plus le cas si le projet se poursuit.
Le tracé proposé pour ce gazoduc traverse les territoires ancestraux non cédés de plusieurs nations autochtones. Depuis le début de sa construction en août 2024, nombre de ces nations, dont les Gitanyow, les Gitxsan Des défenseur·e·s de terres autochtones et des membres des Nisga’a, ont exprimé leur opposition à ce que le projet soit autorisé sur la base d’évaluations environnementales datant de plus de 10 ans. Les Gitanyow et les Gitxsan ont érigé des barrages le long de l’itinéraire proposé pour le gazoduc afin d’empêcher l’avancement de la construction. Plusieurs recours judiciaires ont été déposés contre le projet PRGT, ainsi que contre le projet de terminal GNL de Ksi Lisims.
Les gouvernements du Canada et de la Colombie-Britannique ont le devoir de mettre un terme à l’octroi de licences pour de nouveaux projets d’extraction de combustibles fossiles. Ils ont également l’obligation de réaliser des études d’impact environnemental et social complètes avant d’approuver les projets, et de partager ces études avec les populations autochtones dans le cadre du processus de consultation afin d’obtenir leur consentement préalable, libre et éclairé.
Selon la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des peuples autochtones, « [l]es États consultent les peuples autochtones concernés et coopèrent avec eux de bonne foi par l’intermédiaire de leurs propres institutions représentatives, en vue d’obtenir leur consentement, donné librement et en connaissance de cause, avant l’approbation de tout projet ayant des incidences sur leurs terres ou territoires et autres ressources ». La consultation doit être un processus de dialogue et de négociation tout au long d’un projet, dès les premières étapes de la planification, jusqu’à la mise en œuvre et au suivi du projet.